Fidèle à la tradition, c'est à Berlin que le nouveau chef de l'Etat français a effectué sa première visite le 15 mai, au lendemain de son investiture, pour rencontrer la chancelière allemande.
Merkel et Macron prêts à un changement de traité pour réformer l'Europe
Les deux chefs d'Etat ont pu mesurer leurs points de convergence sur la question de l'avenir de l'Union européenne, affichant leur volonté de la réformer, si nécessaire via un changement de traité. «Du point de vue allemand, il est possible de changer les traités si cela fait sens», a déclaré à la presse Angela Merkel, tandis que le chef de l'Etat français a souligné, à ses côtés, qu'il n'aurait «pas de tabou» à l'égard de cette idée.
«Le sujet des changements de traité fut un tabou français, en l'espèce il n'y en aura pas avec moi», a-t-il dit. Emmanuel Macron appelle de ses vœux un tel changement de traité depuis longtemps, en particulier pour réformer le fonctionnement de la zone euro.
Mais Berlin s'est montré jusqu'ici très réservé. Le souvenir du rejet en France du projet de Constitution européenne en 2005 a laissé de mauvais souvenir et la perspective de devoir fait valider un nouveau changement de traité par ratification dans tous les pays européens suscite des réticences. Les propos de la chancelière, tout en restant prudents, constituent un geste et une marque d'ouverture à l'égard du nouveau président français.
Une «refondation historique» de l'Europe
Face à la montée des populismes et au risque «de délitement subreptice» qui menace le projet européen à la suite du Brexit, Emmanuel Macron a en outre appelé à une «refondation historique» de l'Europe, passant notamment par des réformes en France mais aussi par un «travail de conviction» d'Angela Merkel à l'égard de son opinion.
Il lui lançait ainsi un appel du pied pour qu'elle le soutienne dans son projet face à une opinion allemande, qui se méfie des projets européens du nouveau chef d'Etat français, en redoutant que cela ne conduise l'Allemagne à devoir payer davantage.
Pas de mutualisation des dettes
Dans le même temps, Emmanuel Macron s'est efforcé de rassurer son hôte allemande en assurant qu'il était opposé à l'idée d'une mutualisation des dettes du passé des pays de la zone euro. Un chiffon rouge en Allemagne.
«Je ne suis pas un promoteur de la mutualisation des dettes du passé» dans la zone euro, a-t-il déclaré, estimant que cela conduisait à «une politique de déresponsabilisation».
Des conceptions différentes sur les projets d'investissement
Il a revanche appelé à ouvrir le débat concernant des projets d'investissement d'avenir. «Ce que je crois, c'est que nous avons des investissements nouveaux à prendre et donc à réfléchir à des mécanismes d'investissements nouveaux pour le futur et à travailler à une plus grande intégration pour le futur», a-t-il souligné. «Ce dont la zone euro a besoin, c'est d'une politique volontariste en termes publics et privés et donc de réfléchir aux moyens d'injecter de l'argent neuf», a-t-il analysé.
«Il y a des convergences, peut-être y a-t-il ici ou là des conceptions différentes», a nuancé Angela Merkel sur ce point. La France et l'Allemagne ne sont pas «toujours a priori du même avis mais c'est de la symbiose que peut naître quelque chose de bon», pour les deux pays comme pour l'Europe, a-t-elle poursuivi.
«Nous allons tranquillement aborder ces questions», a-t-elle encore déclaré.