France

Après la nomination d'Edouard Philippe comme Premier ministre, les réactions politiques affluent

Le choix du député-maire du Havre comme premier Premier ministre a suscité de nombreux commentaires dans la classe politique, avec en ligne de mire la campagne des législatives.

Lundi 15 mai

Nathalie Kosciusko-Morizet, leader de l'opposition Les Républicains à Paris, a annoncé à l'AFP avoir signé l'appel d'élus de droite à saisir la main tendue du président Emmanuel Macron. «J'appelle les élus de la droite et du centre à adopter cette démarche constructive», a ajouté l'ex-ministre.

Selon Bruno Retailleau, sénateur Les Républicains, «il s’agit plus de brouiller les cartes et de gêner l’opposition que de rassembler». «Il s’agit d’affaiblir la droite avant les élections législatives. Il s'agit de déstabiliser les électeurs. Cette stratégie est dangereuse car les extrêmes ne peuvent pas avoir le monopole de l’opposition», a-t-il ajouté dans un communiqué.

Marine Le Pen a pris acte d'une nomination «sans surprise». «La désignation de Monsieur Edouard Philippe à la fonction de Premier ministre confirme l'existence d'un système UMPS que l'on peut rebaptiser LREM», a-t-elle martelé. La candidate malheureuse à la présidentielle voit ainsi dans cette nomination, la «synthèse parfaite des deux quinquennats précédents». Et de préciser : «Un premier ministre LR pour soutenir un président de la République fils spirituel de François Hollande et qui recycle au sein de son mouvement En Marche un PS en voie de disparition.»

Après la nomination d'Edouard Philippe, le syndicat CFDT a mis en garde le prochain gouvernement. Il «ne sera pas acceptable que la question des moyens et des effectifs soit posée avant celle des missions», a fait savoir l'organisation syndicale, appelant à l'établissement rapide d'un «agenda social».

Avant d'être élu président de la République, Emmanuel Macron prévoyait de réduire de 120 000 le nombre de fonctionnaires afin de réduire les dépenses publiques (50 000 dans la fonction publique d'Etat et 70 000 dans la fonction publique territoriale).

Egalement ménagé par La République en marche (LREM) pour les législatives, le juppéiste Gilles Boyer, candidat dans les Hauts-de-Seine et ami du nouveau Premier ministre Edouard Philippe, s'est dit pour sa part heureux de cette nomination.

Edouard Philippe a «fait un choix politique différent», a toutefois souligné, Gilles Boyer, avant d'ajouter qu'il le respectait.

Considéré comme «ministrable», et dispensé d'adversaire de La République en marche dans sa circonscription, Thierry Solère a adressé sur Twitter ses félicitations à Edouard Philippe, le qualifiant d'«ami».

Eric Ciotti, secrétaire général adjoint des Républicains, évoque une opération de déstabilisation de la droite.

Le maire Rassemblememt Bleu Marine (RBM) Robert Ménard y voit pour sa part une nomination destinée à diviser les rangs du parti Les Républicains.

Pour Florian Philippot, la nomination d'un Premier ministre étiqueté Les Républicains vient étayer sa thèse de la persistance de l'«UMPS», c'est-à-dire d'une entente entre droite et gauche sur le dos des électeurs.

Nathalie Kosciusko-Morizet a fait part au nouveau Premier ministre de ses «salutations amicales». Dans sa circonscription pour les législatives, La République en marche n'a pas présenté de candidat. 

Lui aussi sur le registre de l'ironie, le porte-parole de Benoît Hamon Alexis Bachelay a brocardé «le bras droit d'Alain Juppé» Edouard Philippe, lequel fera selon lui un bon Premier ministre de droite.

Au sein des Républicains, certains font entendre une voix différente, à l'instar de Franck Riester, député-maire de Coulommiers, lequel a salué la nomination d'Edouard Philippe.

Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français, a choisi d'ironiser sur le choix d'Edouard Philippe.

Alexis Corbière, porte-parole de la France insoumise, s'est dit en désaccord «radical» avec la décision de nommer Edouard Philippe comme Premier ministre, s'inquiétant d'une «uberisation» de l'économie. «Les législatives peuvent nous permettre d'être majoritaires [face à Emmanuel Macron]», a-t-il analysé, évoquant le recyclage d'un «vieux monde» de la part du nouveau président de la République.

Le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan évoque une «trahison» des électeurs.

Marielle de Sarnez, vice-présidente du Mouvement démocrate (MoDem) et bras droit de François Bayrou, a estimé que la nomination de Philippe était un «signal de rassemblement et de recomposition politique».

Pour Bernard Accoyer, Edouard Philippe se met lui-même en dehors de sa «famille», Les Républicains.

Le juppéiste Bruno Le Maire, néanmoins réputé «Macron-compatible», s'est félicité de la nomination d'Edouard Philippe, plus jeune Premier ministre depuis Laurent Fabius.

La sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann, ancienne secrétaire d'Etat de Lionel Jospin, a brocardé la nomination d'un Premier ministre étiqueté à droite.

Bernard Accoyer, secrétaire général des Républicains, tentant de minimiser la portée de la nomination d'Edouard Philippe, a évoqué une «décision individuelle». Interrogé sur l'éventualité d'une procédure d'exclusion à l'égard du maire du Havre, il s'est refusé à répondre.

«Le vieux monde est de retour» a dénoncé Jean-Luc Mélenchon, déplorant qu'Emmanuel Macron ait pris, selon lui, le contrôle de la vie politique française toute entière. «La droite vient d'être annexée», «Ne donnez pas les pleins pouvoirs à Emmanuel Macron», a-t-il exhorté, présentant la France insoumise comme la seule alternative. 

Pour le secrétaire général du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis, la nomination d'Edouard Philippe présente l'avantage de clarifier la situation.

Le maire d'Henin-Beaumont Front national Steeve Briois a immédiatement tourné en dérision le «renouveau» promis par Emmanuel Macron, relevant qu'Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée, chargé d'annoncer la nomination avait été chef de cabinet de Pierre Moscovici, ministre de l'Economie de François Hollande.

Alain Juppé a salué les qualités d'Edouard Philippe, lui souhaitant «bonne chance». Mais, tentant de ménager la chèvre et le chou, l'ex-Premier ministre de Jacques Chirac a rappelé qu'il soutiendrait néanmoins les candidats Les Républicains. «Nous entrons maintenant dans une séquence nouvelle de la vie politique avec la préparation des élections législatives qui auront lieu dans moins d'un mois», a-t-il précisé, «pendant cette campagne, je soutiendrai, comme je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, les candidats investis par LR et l'UDI sur une plateforme politique qui, pour l'essentiel, me convient

Si elle était annoncée, la nomination du juppéiste Edouard Philippe comme Premier ministre pourrait bien finir de dynamiter le paysage politique français. Celui-ci devra par ailleurs donner les premières impulsions de la politique qu'Emmanuel Macron veut mettre en œuvre, mais aussi de conduire la bataille des élections législatives de mai 2017.