France

Un maire LR veut «nettoyer les rues des ivrognes» en les privant de RSA

Le maire de Pont-Sainte-Maxime, dans l'Oise, a décidé de signaler au département les individus surpris de manière répétée en état d'ébriété dans la rue afin de suspendre le versement du RSA auquel ils ont droit. La mesure ne fait pas l'unanimité.

Afin de «nettoyer les rues des ivrognes», le maire Les Républicains (LR) de Pont-Sainte-Maxence a décidé de transmettre à l'administration départementale, responsable du versement du RSA, le signalement des individus s'alcoolisant sur la voie publique. L'objectif avoué de la mesure est la suspension des aides.

Arnaud Dumontier, l'édile de la commune de l'Oise, assume sa démarche : «Toucher l'aide de l'Etat pour la picoler, c'est intolérable», a-t-il déclaré au Parisien le 12 mai. Si la consommation d'alcool, même excessive, n'est pas répréhensible en soi, le contrat que signent les bénéficiaires du RSA stipule en revanche qu'ils doivent rechercher activement un emploi, ce que le maire oisien juge incompatible avec l'ébriété sur la voie publique. 

Cette politique a d'ores et déjà conduit à une mesure : un individu, dont l'identité n'a pas été rendue publique, a vu son allocation de 472 euros suspendue à 80% pendant trois mois, en raison d'un «non-respect des obligations en matière d'insertion» prévues par la loi – la recherche d'un emploi, etc. Il faisait déjà l'objet de 49 mains courantes. Lui et ses «coreligionnaires de beuverie», comme les décrit Arnaud Dumontier, «interpellent, chantent, hurlent, se battent, déambulent, urinent, s'affalent sur la voie publique», qui estime qu'il s'agit là d'un dévoiement du RSA.

De son côté, le Secours populaire dénonce une pratique excédant les compétences du maire. «Ce n'est pas au maire de dire comment cette personne doit agir ou gérer son argent», dénonce Bruno Carpentier, secrétaire général du Secours populaire dans l'Oise, dans les colonnes du Parisien. «Il n'est ni son tuteur, ni son curateur. Si cette personne est alcoolique, elle trouvera un moyen de s'adonner à son addiction. Et sans ressources, comment se logera-t-elle, se nourrira-t-elle ?», poursuit-il.

Pour l'heure, le procédé n'a donc été employé qu'une seule fois. Mais un second cas devrait être étudié en juin et pourrait ainsi instaurer une pratique courante dans la commune.

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