«Je ne suis pas là pour garder un poste à tout prix et défendre l'inverse de mes convictions profondes [...] Je ne crois pas un seul instant qu'un parti qui défende la nation, la France [...] renonce à un débat qui est essentiel», a répondu Florian Philippot à un journaliste de la radio RMC, qui lui demandait, le 11 mai, s’il resterait au Front national (FN) dans le cas où le parti renoncerait à défendre une sortie de l’euro.
Et la position du vice-président du parti est claire : «Si le Front demain garde l'euro ? Non. Bien sûr que non [je ne resterai pas].»
Alors que certains, au sein du FN, ont remis en cause la ligne économique défendue par Marine Le Pen durant sa campagne, Florian Phillipot a estimé, à propos de la sortie de la France de l'euro : «Que la question soit posée, moi ça ne me choque pas. Mais je pense qu'on y perdrait en crédibilité [...] Parce qu'en face, on serait très légitimes à nous dire : "Mais alors, vous avez menti aux Français pendant 15 ans. Mais peut-être que vous vous trompez aussi sur les frontières et Schengen, puisque vous vous êtes trompés sur l'euro ?"»
Contestation et sanctions disciplinaires
Avec 33,9% des suffrages et plus de 10 millions de voix au second tour de la présidentielle, l'ex-présidente du FN a réalisé un score record dans l’histoire du parti. Pourtant, alors que les sondages ont pu la créditer d'environ 40% d’intentions de vote durant l’entre-deux tours, les critiques ont fusé.
«Pour nous, la question de l'euro, c'est terminé, le peuple a fait son référendum dimanche dernier [le 7 mai]», a ainsi déclaré le député Gilbert Collard au journal Le Parisien le 11 mai.
Des sanctions disciplinaires seraient même envisagées contre deux personnalités frontistes, rapporte la radio Europe 1. Il s'agirait du conseiller municipal Jean-François Bloc, qui avait déclaré après la défaite de Marine Le Pen : «On a peu vu de solutions pertinentes dans le cadre de cette campagne au niveau économique… Et en plus avec les hésitations de dernière minute, on n'a plus compris du tout ce que l'on voulait.»
Le chef de file du FN à Roubaix, Jean-Pierre Legrand, serait lui aussi dans le viseur pour avoir déclaré, après le débat d’entre-deux tours du 3 mai : «En se comportant comme un chef de meute elle a raté la marche de candidate présidentiable.»
Dans un climat d’incertitudes quant à la ligne à adopter à l’approche des élections législatives, les semaines à venir s’annoncent en tout cas mouvementées pour le parti frontiste.