France

Projet d'attentat contre la base aérienne d'Evreux : l'ex-soldat radicalisé avait écrit à l'AFP

L'homme qui prévoyait d'attaquer tout seul la base aérienne d'Evreux le 5 mai avait pris soin d'envoyer un courrier à l'AFP. Dans un style confus et mal orthographié, l'ancien militaire y explique avoir agi avec l'aide d'Allah.

«Cette attaque n'a pas pour objet de faire le plus de morts possible mais surtout de vous démontrer notre détermination», menace dans une lettre remplie de fautes d'orthographe l'ex-soldat radicalisé, arrêté le 5 mai 2017 aux abords de la base militaire d'Evreux (Eure). L'homme prévoyait d'attaquer cette enceinte militaire, raconte-t-il dans ce courrier de revendication, reçu le 9 mai par l'AFP. 

Dans cette longue missive, le militaire, qui avait fait allégeance à Daesh, se présente : «Je m'appel [sic.] Alain Feuillerat, soldat musulman défendant ma patrie : l'Etat islamique. C'est moi qui est [sic.] préparé avec l'aide d'Allah l'attaque contre la base militaire aérienne d'Evreux Fauville», affirme-t-il, dans ce texte posté le jour de son arrestation, selon le cachet de la poste.

Selon une source proche de l'enquête, la revendication a par ailleurs été formulée dans un document contenu dans une clé USB découverte dans sa voiture. Se trouvaient également dans le véhicule deux photos de lui, dont l'une le montrant en tenue de combattant ceint d'un bandeau de Daesh, ainsi qu'une photo de son passeport français. Le journal belge L'Avenir a reçu une lettre identique à celle de l'AFP.

Le 5 mai, deux jours avant le second tour de la présidentielle, cet homme, au profil psychologique instable, avait été intercepté par les gendarmes chargés de la surveillance de la base aérienne BA 105 d'Evreux. Il était en tenue de combat et portait les insignes de l'EI alors qu'il regagnait son véhicule. Cachés dans un fourré, un fusil à pompe, des munitions et des revolvers à poudre ont été retrouvés par les enquêteurs.

Alain Feuillerat a été mis en examen le 8 mai pour «entreprise individuelle terroriste» et «tentative d'intrusion sur un terrain militaire», puis placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet de Paris.

Né à Melun en février 1983, il est inscrit au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). L'ancien soldat, qui a quitté l'armée en 2013 après dix années de service, s'était converti à l'islam et était placé sous étroite surveillance depuis 2014 en raison de sa radicalisation. Imprégné de l'idéologie de Daesh, il a expliqué aux enquêteurs avoir envisagé, faute de pouvoir se rendre en Syrie, de passer à l'acte en France.

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