Il y a quelques jours, nous avons pu découvrir avec la plus grande stupéfaction sur le site internet de l’hebdomadaire L’Obs un article intitulé «Le Kremlin va-t-il laisser perdre Le Pen sans intervenir ? Sûrement pas», disponible ici.
Nous ne nous attarderons pas ici sur l’ensemble des allégations de l’auteur, bien que le ton employé nous semble davantage seoir à un procureur que relever de la pratique du journalisme. Mais fi de jugements à l’emporte-pièce, concentrons-nous plutôt sur les passages qui concernent notre propre travail, que nous avons l’immense prétention de connaître mieux que quiconque.
Deux paragraphes ont retenu notre attention :
RT, de son côté, n’a diffusé qu’une seule interview : celle de Steeve Briois, vice-président du FN
Cette affirmation est totalement fausse, RT France en a interviewé au bas mot une dizaine, historiens, universitaires, économistes, essayiste, journalistes… et bien sûr, hommes politiques issus de différents partis !
Mais il y a mieux :
Ce n’est pas tout. Les deux organes de propagande ont tenté d’accréditer l’idée que le scrutin était, peut-être, truqué. Les deux ont affirmé à plusieurs reprises et sans aucune preuve que, dans différents bureaux de vote parisiens, "des enveloppes contenant déjà des bulletins étaient proposées aux électeurs". RT a même précisé qu’il s’agissait de bulletins "Emmanuel Macron".
Ce paragraphe, mesuré à l’aune de la réalité des faits, s’avère particulièrement intéressant. Pour mémoire, voici l’article de RT France auquel il est ici fait allusion.
Un article dont la lecture, superposée à celle de L’Obs, appelle en particulier deux observations.
D’une part, nous «n'affirmons» rien, nous contentant de relayer le constat effectué par certains électeurs, mais également quelques journalistes et médias. Quels étaient-ils ? RTL, principalement, mais nous relayons également deux tweets d'un journaliste de CNews. L'Obs le mentionne-t-il ? Accuse-t-il RTL et Cnews de faire partie du complot évoqué en filigrane ?
De l'autre, la phrase «RT a même précisé qu’il s’agissait de bulletins "Emmanuel Macron"» est proprement édifiante. Qu’il ne soit fait mention que de "Macron" est pour le moins singulier, alors que le titre-même de notre article cite nommément messieurs Macron ET Fillon. Pourquoi cette curieuse omission ? Serait-ce parce que cela ne cadrait pas avec le scénario échafaudé par L’Obs, qui voudrait que RT France soit «pro-Fillon», pour la bonne raison que l’ex-candidat LR s’était prononcé pour le réchauffement des relations diplomatiques franco-russes ?
Parmi nous, personne ne peut imaginer que L’Obs fasse partie d’un vaste complot «anti-RT France» destiné à nous décrédibiliser, ce serait attribuer bien trop d’importance à notre modeste publication. Mais quelle conclusion tirer de tels billets, où il est patent que l’auteur a bien suivi notre couverture du premier tour, mais choisi délibérément d'en ignorer certains aspects, qui avaient le malheur de ne pas servir sa démonstration ?
En ces temps d’élections présidentielles, après celle de Donald Trump aux Etats-Unis et le Brexit, la Russie semble être l’objet de toutes les curiosités, de tous les fantasmes dans l’Hexagone. Se pourrait-il qu’agiter en l’air de prétendus complots, ourdis dans l’ombre au sein de rédactions vouées à la chute de la démocratie française, permette à peu de frais de rapporter une avalanche de clics ? Si tel n’est pas le cas, reconnaissons au moins que cela en a toute l’apparence.
La rédaction