Au moins une centaine de véhicules d'auto-écoles ont défilé le 18 avril de la périphérie de Paris vers le centre de la capitale pour dénoncer la dématérialisation de l'inscription au permis de conduire. Cette dernière ouvre, selon eux, la voie à une «uberisation» de leur profession. Les patrons d'auto-écoles ont également manifesté à Nantes, Lyon, Marseille, Toulouse.
Dans la capitale, une source policière a fait état d'une centaine de véhicules mobilisés. Les manifestants, aux voitures décorées de ballons et de drapeaux à l'effigie de leurs syndicats, se sont élancés en quatre cortèges différents à 09h30 pour converger vers leur point de ralliement près de la Tour Eiffel. Les premiers véhicules y sont arrivés vers 10h30, a constaté un journaliste de l'AFP. Les répercussions de ce mouvement sur la circulation générale ont été «limitées», selon la source policière.
A Lyon, une cinquantaine de voitures, venues de toute la région Auvergne-Rhône-Alpes, se sont rassemblées à proximité du parc de Gerland, selon une journaliste de l'AFP.
«On va être entre 500 et 800 à Paris, 200 à Lyon et une centaine à Nantes, Marseille et Toulouse, soit environ 1 500 en France. C'est une mobilisation réussie, sachant qu'il y a 10 000 auto-écoles en France», avait initialement affirmé à l'AFP le président du CNPA, Patrice Bessonne. «Ce n'est pas une opération escargot. On ne veut pas embêter les gens qui vont au boulot», avait néanmoins souligné le secrétaire général de l'Unidec, Jean-Pierre Lemmonier.
Les deux principaux syndicats du secteur, le CNPA-Education routière et l'Unidec appelaient à la mobilisation des patrons d'auto-écoles pour protester contre la dématérialisation de l'inscription au permis de conduire, symbole selon eux d'une «uberisation» de leur profession. Les syndicats s'opposent au plan «Préfectures nouvelle génération» lancé par le gouvernement en 2015 et qui a pour objectif de permettre aux candidats au permis de conduire de s'inscrire en ligne, à distance, et non plus aux guichets des préfectures.
Les syndicats vent debout contre le plan «Préfectures nouvelle génération»
Les syndicats demandent à être reçus à Matignon «pour avoir des réponses aux sérieuses questions que l'on se pose sur la dématérialisation et sur l'uberisation du secteur», a expliqué Patrice Bessonne.
«Avec le plan Préfectures nouvelle génération qui prévoit des fermetures de guichets, on va permettre aux personnes de le faire à distance, ou via les plateformes internet qui vont en faire un business», avait préalablement expliqué le dirigeant du CNPA. «C'est la porte ouverte aux plateformes digitales employant des "moniteurs indépendants illégaux" avec sa généralisation de travail dissimulé (non-paiement des charges sociales, TVA, etc...)», avait abondé l'Unidec dans un communiqué dénonçant une «uberisation de [la] profession au travers d'une dématérialisation des dossiers d'inscription non contrôlée et ouverte à tout va».
Le secrétaire général de l'Unidec avait également estimé : «Avec cette réforme, on est en train de mettre en péril la formation et donc la sécurité sur la route. L'uberisation de notre profession, c'est 45 000 personnes qu'il va falloir licencier, dans un secteur qui représente un milliard d'euros de chiffre d'affaires annuel, dont 20% de cotisations qui vont à l'Etat, en plus de 400 millions de TVA».
«On a connu ça avec les taxis avec les problèmes que cela cause : est-ce cela qu'on veut pour le permis de conduire ?», avait-t-il ajouté, citant l'exemple de l'auto-école en ligne Permigo, lancée en 2015 et qui «vient de déposer le bilan». «Elle faisait travailler de nombreux indépendants sans aucun contrôle. Et 9 000 candidats sont sur le carreau», avait-t-il encore dénoncé.
Les deux syndicats avaient mobilisé plusieurs centaines de patrons d'auto-écoles dans une manifestation similaire fin février 2016 pour demander notamment le report de la nouvelle épreuve du code de la route. Plus de 300 véhicules avaient défilé à Paris et plusieurs centaines dans d'autres villes de France. En 2015, la France comptait 11 000 exploitants d'auto-écoles, employant 25 000 salariés, enseignants et personnel administratif confondus.