«Je veux vivre dignement», «Je ne suis pas un esclave mais un entrepreneur», «30 minutes [de travail] pour 6 euros, ça vous dit ?» : ce sont les messages que l'on pouvait lire sur des mannequins pendus par une cravate rouge – cette dernière étant l'emblème de la plateforme VTC Chauffeur privé – lors du rassemblement des chauffeurs VTC devant le siège de l'entreprise, le 13 avril, à l'appel du syndicat Unsa.
Ils reprochent à Chauffeur privé comme aux autres plateformes numériques, l'Américain Uber en tête, leurs pratiques tarifaires au rabais et arbitraires. Elles les obligent notamment à leur reverser une importante commission mais fixent les tarifs des courses à des taux horaires très bas alors qu'ils ont théoriquement un statut d'indépendant.
«60 euros bruts gagnés hier pour une course de deux heures avec une commission de 22% !», s'est insurgé l'un d'entre eux.
«Je suis perdant avec le crédit de la voiture, le gasoil, l'assurance, les abonnements téléphone... plus de 1 000 euros de frais par mois» et «tout ça pour des miettes», témoignait un de ses collègues de Seine-Saint-Denis qui s'est lancé il y a huit mois.
«Ca fait deux ans qu'on pose une question: on est des patrons ou des salariés? Si on est des patrons, c'est nous qui gérons le tarif, les forfaits, le matériel, les sanctions. Si c'est une plateforme qui décide de tout pour nous, nous sommes ses salariés [avec la protection sociale et les avantages que cela suppose]», a résumé Sayah Baaroun de l'Unsa.
Ce sera à la justice de trancher, a-t-il ajouté. Selon lui, une dizaine de dossiers de chauffeurs VTC attaquant les plateformes seront déposés dès le 14 avril aux prud'hommes pour tenter d'obtenir la requalification de leurs contrats de partenariat en contrats de travail.
Au total, «95 dossiers» ont déjà été recensés, visant «principalement Uber, LeCab et Chauffeur privé», assure-t-il.