France

La maison d'arrêt de Villepinte bloquée, un «appel au secours» des surveillants (PHOTOS)

Une soixantaine de surveillants pénitentiaires d'Ile-de-France ont bloqué l'entrée de la maison d'arrêt de Villepinte pour dénoncer la surpopulation carcérale et des conditions de travail «dégradantes».

Dans la matinée du 13 avril, quelque 60 surveillants pénitentiaires se sont réunis près de la maison d'arrêt de Villepinte. Peu avant 7h30, ils ont mis feu à des palettes et des plaques de contreplaqué dressées à l'entrée de la prison, ainsi qu'à un tas de pneus.

Les gardiens répondaient ainsi à l'appel à une mobilisation générale lancé la semaine dernière par les syndicats SPS et FO, rejoints par la CFTC, premier syndicat de surveillants pénitentiaires à Villepinte.

«On est là pour lancer un appel au secours, un SOS», a déclaré Erwan Saoudi, délégué FO. «On n'en démordra pas tant qu'on ne nous présentera pas un vrai plan d'action pour désengorger la prison et renforcer le nombre de personnels», a-t-il ajouté.

La directrice de la maison d'arrêt de Villepinte avait annoncé fin mars qu'elle n'accueillerait pas de nouveaux détenus, son taux d'occupation ayant atteint le record de 201%. Depuis, le nombre de détenus a légèrement baissé avec 1 117 détenus pour 587 places, selon Blaise Gangbazo, secrétaire général CFTC Justice. 

Ce dernier évoque néanmoins des conditions de travail non seulement dégradées mais «dégradantes», et dit que rien ne changera tant que l'établissement ne sera pas désencombré. Dans cette prison, la surpopulation oblige certains détenus à dormir sur des matelas au sol, dans des cellules à trois voire plus, entraînant de plus en plus d'agressions entre détenus. 

Les gardiens cherchent à «alerter l'opinion publique et les familles car les surveillants, comme les détenus, sont en insécurité totale à l'intérieur» de la prison, a-t-il déclaré à l'AFP. «On n'est plus en mesure de déceler la radicalisation», a ajouté le représentant syndical, qui demande «en urgence au moins 30 agents» supplémentaires à Villepinte.

Les manifestants ont reçu dans la matinée la visite du candidat Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France à l'élection présidentielle.

La grogne à la maison d'arrêt de Villepinte s'inscrit dans un mouvement de protestation plus large. Dans la soirée du 10 avril, plus de 350 surveillants pénitentiaires avaient bloqué durant quelques heures la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, la plus grande prison d'Europe, pour protester contre la récente agression de six gardiens par huit mineurs lors d'une altercation entre détenus qui a dégénéré. Ils ont décidé le 11 avril de maintenir la pression sur l'administration pénitentiaire, avec de nouvelles actions à venir. 

Lire aussi : Agressions, mutineries : les surveillants de prisons bloquent de nombreux établissements (PHOTOS)