La polémique autour des accointances supposées de Mohamed Saou, référent du Val d'Oise du mouvement En Marche !, avec le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et les Indigènes de la République, n'en finit pas de rebondir. Le 11 avril, le coordinateur de campagne de François Fillon, Bruno Retailleau, a réagi de manière virulente à une déclaration du mouvement d'Emmanuel Macron à ce sujet.
«Pour En Marche, Mohamed Saou, désormais en retrait poursuivra la campagne qu'il mène sur le terrain!», a déploré le député Les Républicains (LR) dans un communiqué. Celui-ci s'est moqué d'un Emmanuel Macron «incapable de trancher et d'avoir une position claire», tout en critiquant Mohamed Saou. Selon Bruno Retailleau, le référent d'En Marche ! «ne cache pas ses liens avec la mouvance de l'islam politique. Il a même déclaré qu'il ne serait jamais Charlie».
Le coordinateur de campagne de François Fillon n'a pas hésité à accuser l'ancien ministre de l'Economie de vouloir «séduire quel qu'en soit le prix la frange communautariste qui prospère dans nos banlieues».
Soufflant le chaud et le froid, En Marche ! avait annoncé le 9 avril dans un communiqué ambigu mettre Mohamed Saou «en retrait» tout en le maintenant à son poste de référent départemental «pendant la durée des travaux de la Commission» d'éthique interne. Cette structure doit passer au crible les anciennes publications de Mohamed Saou sur les réseaux sociaux «lorsqu'il n'était ni référent, ni même adhérent d'En Marche, afin de déterminer si elles ont dépassé ou pas le cadre de libre expression qui a cours au sein de notre mouvement».
Toutefois, si Richard Ferrand, secrétaire général d'En Marche ! avait annoncé l'ouverture de cette enquête interne, il avait également affirmé ne pas vouloir laisser Mohamed Saou «être cloué au pilori des réseaux sociaux et être victime de tentatives d'instrumentalisation qui ont cours dans ces espaces propices à toutes les manipulations et toutes les caricatures».
En Marche ! ne convainc ni les Républicains... ni le CCIF
De son côté, le CCIF a dénoncé un communiqué «qui ne répond à rien et qui aggrave tout». Pour cette organisation qui avait demandé une clarification de la part d'Emmanuel Macron vis-à-vis de l'éviction ou non de Mohamed Saou, le débat se porte désormais sur «le rapport d’En Marche aux quartiers populaires et aux musulmans».
«Trop de fois, en politique, des personnes ont été "mises en retrait pour ce qu’elles sont, pour d’où elles viennent, pour ce en quoi elles croient», a encore déploré le CCIF.
Sur Twitter, le hashtag #LesMusulmansBoycottentMacron a été lancé pour critiquer ce que le CCIF a qualifié d'«éviction éclair».
D'où vient la polémique ? De quoi parle-t-on ?
Inconnu jusque-là du grand public, Mohamed Saou est sous les feux des projecteurs depuis L'Emission politique du 6 avril sur France 2. Le candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron, y avait été interpellé avec virulence par une invitée. Celle-ci avait accusé Mohamed Saou d'être «tout à fait proche des idées des Indigènes de la République», un mouvement politique de protestation anticolonialiste régulièrement accusé de communautarisme.
En réalité, le référent du Val d'Oise d'En Marche ! fait l'objet d'une polémique depuis la parution, le 12 mars, d'un article intitulé Mohamed Saou, cadre d'«En marche» ou du CCIF ? sur le site Jforum.fr, «le portail juif francophone».
Captures d'écrans à l'appui, Jforum.fr avait reproché à Mohamed Saou d'être proche idéologiquement du CCIF et de l'islam politique. Ce site internet communautaire avait insisté sur un message publié sur Facebook par Mohamed Saou et dans lequel ce dernier indiquait : «Je n'ai jamais été et je ne serai jamais Charlie», martelant son refus de soutenir Charlie Hebdo après les attentats.
Jforum.fr avait également épinglé Mohamed Saou pour ses messages de soutien envers Karim Benzema, exclu de l'équipe de France de football, ou envers le président turc Recep Tayyip Erdogan, au lendemain de la tentative de coup d'Etat en Turquie.
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