France

Barricades en flammes et fumigènes : les surveillants bloquent la prison de Fleury-Mérogis (IMAGES)

Agressions, surpopulation, détenus de plus en plus jeunes et de plus en plus violents... Les agents pénitentiaires manifestent leur ras-le-bol en bloquant la plus grande prison d'Europe. Ils réclament davantage de moyens pour exercer leur métier.

Plus de 350 surveillants pénitentiaires ont entamé le blocage de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) le 10 avril au soir, afin de protester contre l'agression de six gardiens par des détenus mineurs survenue la veille. Dénonçant également la surpopulation carcérale et le manque de personnel, ils entendent alerter les pouvoirs publics sur les conditions de travail dans la plus grande prison d'Europe.

Brandissant des pancartes «Au feu, la pénit' brûle» ou «Surpopulation, sous-effectifs, danger», les manifestants ont dressé des barricades à partir de 19h30 sur l'unique avenue qui mène à la prison, selon un journaliste de l'AFP, avant de les incendier. Ils ont d'ores et déjà annoncé que l'opération devrait se prolonger dans la nuit et qu'elle aurait pour conséquence d'empêcher le transfert de nouveaux détenus ou le retour des prévenus présentés à la justice. La mobilisation se poursuivra également le 11 avril par «une marche des oubliés de la République» organisée dans la ville de Fleury-Mérogis.

Les gendarmes mobiles sont intervenus peu après 22h et ont repoussé les manifestants au moyen de gaz lacrymogènes et de leurs boucliers, a rapporté l'AFP.

L'agression des gardiens de prison : la goutte d'eau qui fait déborder le vase

L'intersyndicale, réunissant l'Ufap-Unsa Justice, la CGT Pénitentiaire et FO Pénitentiaire, n'a pas précisé si le mouvement était appelé à être reconduit ou non. Elle a en revanche fait savoir qu'elle attendait des mesures concrètes. «La situation est juste intenable : cette agression, c'est la goutte d'eau de trop», a déclaré Olivier Legentil, du syndicat majoritaire Ufap-Unsa Justice. «Il ne se passe pas une semaine sans agression sur le personnel», déplore-t-il, estimant que la situation est similaire à celle des autres prisons. «Il y a un malaise général dans toute la pénitentiaire et surtout dans la région parisienne, où on est continuellement en manque d'effectifs», souligne-t-il.

«Les détenus sont de plus en plus jeunes et de plus en plus violents», a confié à l'AFP une gradée, en poste depuis 15 ans sur ce site, sous couvert d'anonymat. «S'ils n'ont pas ce qu'ils veulent de suite, ils frappent le premier surveillant qui passe», a-t-elle ajouté, pointant également du doigt le problème de la surpopulation carcérale. La maison d'arrêt, qui accueille notamment le terroriste présume Saleh Abdeslam, est actuellement remplie à 180% de sa capacité. Elle accueille plus de 4 200 détenus et près de 150 postes de fonctionnaires sont vacants, selon les syndicats. «Ici, un surveillant gère une centaines de détenus : faites le dans un hôtel, vous verrez comment les clients vont réagir», souligne-t-elle.

A deux semaines de la présidentielle, plusieurs manifestants interpellent également les candidats à la présidentielle sur leurs pancartes. Réclamée par les syndicats, une rencontre avec la direction de l'administration pénitentiaire n'est toutefois pas encore à l'ordre du jour. Parmi leurs revendications : une fouille générale de la prison, un renforcement des effectifs ou l'abrogation de la loi qui les contraint à justifier la fouille à nu des détenus.

Le 29 septembre dernier, après une série d'agressions, des agents pénitentiaires avaient déjà bloqué plusieurs prisons françaises, dont Fleury-Mérogis, afin de dénoncer la «dégradation constante», à l'appel du syndicat FO. Le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas avait annoncé un plan à long terme de construction de nouvelles cellules, notamment pour en finir avec la surpopulation chronique des prisons françaises.

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