Le Procureur de la République de Paris François Molins a tenu une conférence de presse pour donner les dernières informations de l’enquête sur l’attaque contre un complexe industriel gazier à Saint-Quentin-Fallavier, près de Lyon, où une personne a été tuée et plusieurs autres été blessées.
L'auteur présumé de l'attaque a été fiché en 2006 par les services de renseignement «pour radicalisation», a annoncé le procureur. Il avait en effet été identifié à l'époque comme appartenant à une «mouvance salafiste lyonnaise».
Il a également ajouté que dans le cadre de l'enquête, «quatre personnes ont été placées en garde à vue» : l'auteur présumé, sa femme, sa soeur, ainsi qu'une quatrième personne, potentiellement complice du suspect.
L’individu, connu des employés, est entré au volant de son véhicule de livraison avant de faire exploser des bonbonnes de gaz, a confirmé François Molins. Une forte explosion a été entendue, suivie d'un incendie. Le suspect a été interpellé alors qu'il ouvrait des bouteilles d'acétone.
L'enquête a été confiée à la Sous-direction antiterroriste (SDAT) et à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Elle a été ouverte pour des chefs d'assassinat et tentative d'assassinats, destruction et dégradation par l'effet d'une substance explosive, le tout en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste. Dernier chef d'inculpation, celui d'association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d'atteinte aux personnes.
Dans une interview à RT, une employé qui travaille dans une rue voisine a affirmé qu'une grosse déflagration s'est produite dans l'usine et que la police et les pompiers sont arrivés peu après. Selon cette femme, le personnel de son entreprise n’a pas été évacué.
Selon les mots du président français François Hollande, l’auteur présumé de l’attentat a été interpelé et identifié comme Yassin Salhi. Il «faisait l'objet d'une fiche S éditée en 2006 non renouvelée auprès des services secrets» mais «n'était pas fiché comme ayant voyagé en Syrie ou en Irak». Il «résiderait à Saint-Priest et n'a pas de casier judiciaire», selon le ministre de l'Intérieur et est «en relation avec le mouvement salafiste».
Agé d'une trentaine d'années, il était connu des services la DGSI, annoncent plusieurs sources. Le journal Dauphiné Libéré annonce que l'homme circulant à bord d'un véhicule était activement recherché ce matin avant l'attentat, ayant été repéré en train de faire des allées et venues suspectes devant la société ciblée.
Selon le Dauphine libéré, Yassin Salhi travaillait à Air Products. C’est à bord du véhicule dans laquelle il effectuait ses livraisons qu’il a pénétré dans l’usine où il aurait accroché la tête de la victime à un grillage avant de projeter son véhicule dans un entrepôt contenant des réserves de gaz. Sa victime était son employeur.
Selon le Dauphiné Libéré, son complice a été interpellée. C’est le conducteur aperçu ce matin en train de faire des aller-retours devant la société dans la Ford Fusion peu avant l'attentat. Il a été appréhendé dans secteur de Villefontaine à son domicile. Le même journal dit que selon une source proche de l'enquête, au moins une interpellation supplémentaire a été effectuée.
La police a arrêté près de Lyon l’épouse de Yassin Salhi, auteur présumé de l’attentat, a annoncé une source judiciaire à l’AFP.
«Le corps décapité d'une personne a été retrouvé à proximité de l'usine mais on ne sait pas encore si le corps a été transporté sur place ou pas», a livré une source au Dauphiné Libéré, évoquant aussi «un drapeau avec des inscriptions en arabe retrouvé sur place».
Une tête décapitée recouverte d'inscriptions en arabe aurait été retrouvée accrochée à un grillage non loin de l’usine, selon la police. Selon l'agence de presse Interfax, le corps a également été couvert d'inscriptions.
Selon les employés présents sur place, le corps n’appartient pas à un salarié de l'entreprise, mais pourrait être celui du propriétaire de la voiture, ou un homme qui aurait été tué plus tôt. Air Products a confirmé que tous ses employés sont présents et évacués.
La victime décapitée aurait été identifiée, selon Le Dauphiné Libéré : il s'agirait du gérant d'une société de transport. L'homme, demeurant à Chassieu (Rhône) était sur le site Air Products pour une livraison.
L'homme est «une victime innocente qui a été assassinée et abjectement décapitée», a affirmé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve à Saint-Quentin-Fallavier.
Des techniciens en identifications criminelles de la gendarmerie de Grenoble sont arrivés sur place. Les différents lieux de l'attaque ont été «gelés».Les policiers sur place auraient trouvé des banderoles avec des inscriptions en arabe, en cours de traduction. Ils fouillent pour le moment la zone à la recherche d'éventuels complices, rapporte le Point.
Selon l'information de l'Express, la police tente pour l'instant de reconstituer les faits: «Un véhicule avec plusieurs occupants - deux, trois, quatre, on ne sait pas encore - a forcé les grilles de l'entreprise, fait plusieurs tours sur le parking avant de percuter les bouteilles de gaz. L'explosion a été très importante mais on ignore encore le nombre de blessés et de morts», indique une source gendarmerie.
Les écoles de la commune de La Verpillière ne sont pas fermées. Les enfants restent sous la surveillance des enseignants et du personnel municipal. Certains parents ont néanmoins préféré venir chercher leurs enfants. Le plan Vigipirate sera porté «en alerte maximale» pendant trois jours en Rhône-Alpes, d'après François Hollande.
Selon une source proche de l’enquête, on ne peut pas exclure la possibilité d’autres attentats. D’après une source des services de sécurité intérieure « tous les signaux étaient ces dernières semaines au rouge pour qu'un attentat de cette nature se produise sur le territoire national».
François Hollande a quitté Bruxelles pour participer à une réunion d'urgence dans l'après-midi. Il s'est déjà exprimé en fin de matinée.
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve s'est rendu sur place, ainsi que le préfet de l'Isère. Le Premier ministre Manuel Valls a ordonné une «vigilance renforcée» sur tous les sites sensibles de la région de Rhône-Alpes.
«Suite aux événements de Saint-Quentin Fallavier», en Isère, «le Premier ministre donne l'ordre aux préfets de mobiliser immédiatement les forces de l'ordre pour assurer une vigilance renforcée sur tous les sites sensibles de la région Rhône-Alpes», a-t-on indiqué.
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a annoncé qu’un Conseil de défense sera réuni à 15h00 à l’Elysée.
Le ministère allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a condamné cet attentat terrible et a exprimé ses condoléances aux familles de victimes en soutenant la société française. «Nous condamnons vigoureusement cet acte de terrorisme et de fanatisme. Nous offrons nos plus sincères condoléances aux familles des victimes et rejoignons la France dans la protection de notre société libre contre la haine aveugle du terrorisme», a dit le ministre allemand des Affaires étrangères dans un communiqué.
La présidente du FN Marine Le Pen juge qu’il faut prendre des actions fermes et fortes pour lutter contre l’islamisme en France. «Les grandes déclarations doivent maintenant cesser. Les marches, les slogans et la communication émotionnelle doivent enfin laisser la place à l'action. Rien n'a été fait depuis des années contre le fondamentalisme islamiste (...) (Je) demande que des mesures fermes et fortes soient prises immédiatement pour terrasser l'islamisme», a-t-elle fait savoir dans un communiqué.
Air Products est un groupe industriel américain d'envergure internationale, spécialiste des gaz industriels et médicaux. Son siège se trouve aux États-Unis, à Allentown en Pennsylvanie.