L'abstention sera-t-elle le premier parti de France ? A deux semaine du premier tour des présidentielles, un tiers des électeurs n'est toujours pas certain d'aller voter, selon une enquête électorale du Centre de recherches de Sciences Po (Cevipof), réalisée du 31 mars au 2 avril en partenariat avec la Fondation Jean Jaurès et le journal Le Monde.
Parue le 4 avril, quelques heures avant le débat télévisé auquel ont participé les onze candidats à l'élections présidentielle, cette étude révèle que seulement 66% des électeurs se déclarent «tout à fait certains» d'aller voter les 23 avril et 7 mai prochains. Chez les moins de 35 ans, ce pourcentage chute à 58%.
Pourtant, l'élection présidentielle est traditionnellement celle qui mobilise le plus les Français. En 2012 et 2007, l'abstention au premier tour avait respectivement atteint 20,5% et 16%. En 2002, elle avait néanmoins atteint les 28% au premier tour.
Il faut en réalité remonter au second tour des élections présidentielles de 1969 pour trouver un taux d’abstention supérieur à 30%. Or, à l'époque, le Parti communiste français, dont le candidat avait obtenu 21,27% des suffrages au premier tour, avait appelé à l'abstention, refusant de choisir entre les deux candidats de droite qualifiés pour le second tour.
Si les raisons qui poussent aujourd'hui une partie du corps électoral et en particulier les quelque 42% des moins de 35 ans vers l'abstention peuvent être multiples, Antoine Peillon, reporter au journal La Croix, a affirmé au cours d'une interview accordée au quotidien Le Monde que les deux tiers des abstentionnistes étaient «des gens engagés».
Pour Antoine Peillon, par ailleurs auteur du livre Voter, c'est abdiquer, les abstentionnistes «ne sont pas des pêcheurs à la ligne» ou des «indifférents». Selon lui, ces personnes se trouveraient «d'abord dans la jeunesse plutôt protestataire, souvent issues des partis de gauche, voir d'extrême-gauche. Ils sont issus du mouvement social, des associations».
Dans un contexte électoral délétère et marqué par des affaires éclaboussant certains des candidats à la présidentielle, notamment celui de la droite et du centre, François Fillon, une mobilisation – ne serait-ce que partielle et tardive – de ces 34% d'électeurs indécis et tentés par l’abstention pourrait in fine bouleverser les pronostics.
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