LCI a-t-elle fait preuve d'un peu trop de liberté de ton et versé dans le «Macron Bashing», tant redouté et décrié par l'équipe de campagne d'En Marche ? Certaines barrières ont semble-t-il sauté lors de l'émission La Médiasphère sur LCI. Les intervenants du plateau du 3 avril 2017, des professionnels de la «com'», n'ont pas trouvé de mots assez durs pour fustiger à la fois le programme et les prestations en meeting d'Emmanuel Macron. A tel point, que la chaîne a supprimé le replay de son site le lendemain.
Un invité, Stéphane Attal, fondateur de l'agence Les influenceurs, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. «Il a pastellisé la campagne. Il y a du rose, du jaune, du bleu ciel», lance-t-il. «On est revenu à Hélène et les garçons [...] c'est la cantine de la fac», déclenchant des ricanements en plateau.
«Lui [Emmanuel Macron] est au milieu de tout ça, en train de hurler comme un gourou», poursuit-il, appuyant bien sur le mot «hurler», en référence à la prestation du candidat d'En marche ! lors du meeting de Marseille le 1er avril 2017. Et de conclure : «Il est presque effrayant !»
De quoi encourager les autres invités, de plus en plus hilares, à se déchaîner, dans une sorte d'émulation collective très palpable. Une autre invitée Anne-Claire Ruel, spécialiste en communication politique, enfonce le clou : «On a quelqu'un qui est un manager, qui est dans un grand team building [techniques de motivation des collaborateurs dans une entreprise], le programme c'est du marketing politique».
«De très bas étage», renchérit Stéphane Attal. «Est-ce qu'on a atteint les limites et du personnage et de [sa] communication politique ?», s'interroge alors le présentateur.
L'émission retirée en raison de risques juridiques ?
Selon Libération, l'émission, aurait été supprimée afin de «protéger» la chaîne, comme les invités de ce plateau. Le quotidien cite une source chez LCI, laquelle fait valoir qu'«il a été question d'affaires judiciaires en cours sur le plateau», faisant référence à un tout autre candidat qu'Emmanuel Macron, en l'espèce Marine Le Pen, que les intervenants n'ont pas non plus épargnée lors de la même émission. La candidate du Front national a en effet été accusé en plateau «d'escroquerie à grande échelle».
«La vidéo était susceptible d'être diffamatoire. On est tenu à ne pas la reproduire», a expliqué au Figaro Eric Monier, directeur de la rédaction de LCI, faisant valoir que la procédure judicaire était toujours en cours.
A ce compte, on pourrait faire valoir que de nombreuses émissions devraient être retirées des replays de chaînes de télévision. LCI, qui s'est hissée à la deuxième place des chaînes d'info en continu en termes d'audience – mais toujours loin derrière le leader BFMTV – a-t-elle été victime de sa nouvelle visibilité ?