France

Manuel Valls penserait de plus en plus sérieusement à un vote Macron

L'ancien Premier ministre Manuel Valls, en rupture complète avec la candidature de Benoît Hamon, a fait un nouveau pas le 28 mars vers un soutien à Emmanuel Macron, sans toutefois appeler explicitement à voter pour le candidat d'En Marche !.

Valls s’apprête-t-il à apporter son soutien à Emmanuel Macron ? Un soutien dont ce dernier se serait sans doute bien passé. L'ex-locataire de Matignon, qui réunissait pour la troisième fois en un mois ses soutiens parlementaires, a estimé que la faiblesse du candidat PS, tombé à près de 10% dans les intentions de vote, «nécessit[ait] de prendre ses responsabilités», ont rapporté des participants à l'AFP. Selon Le Parisien, l’un d’entre eux aurait même déclaré : «Il nous a dit que le vote utile, face à Le Pen, c'est Macron.» Avant d’ajouter : «Ca devient un secret de Polichinelle !»

Une «erreur de campagne» de la part de Benoît Hamon

Soulignant «le très haut niveau du FN» et de sa candidate Marine Le Pen (autour de 25% d'intentions de vote) Manuel Valls aurait de nouveau critiqué l'«erreur de campagne» de Benoît Hamon, dont la stratégie «consiste à courir après Mélenchon et taper Macron». L’ex-Premier ministre avait déjà fait savoir mi-mars qu'il ne parrainerait pas Benoît Hamon, en critiquant ensuite vivement sa campagne.

En guerre quasi ouverte avec un candidat socialiste qui l'accuse de lui planter «des couteaux dans le dos», le député de l'Essonne cherche la meilleure voie pour assurer l'avenir politique de son nouveau courant au PS, pour l'heure boudé par Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron, dont les opposants rappellent sans cesse qu’il a été ministre de l’Economie sous François Hollande, acceptera-t-il volontier un soutien de la part de l’ex-chef d’un gouvernement aussi impopulaire ? Le candidat d'En Marche ! restera «maître des horloges», malgré les éventuels nouveaux soutiens à sa campagne a prévenu le 28 mars Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse opportunément organisée avant la réunion vallsiste.

«Ce ne sont pas les décisions des uns et des autres qui détermineront ni la majorité présidentielle ni mon gouvernement», a répété le candidat trentenaire, qui avait déjà dit ne «pas avoir ouvert une chambre d'hôtes».

Les législatives en ligne de mire

Manuel Valls pour ses soutiens comme pour ses détracteurs, veut constituer un pôle de députés le plus large possible dans la future Assemblée nationale pour jouer les «faiseurs de rois» dans la majorité recomposée visée par le candidat d'En Marche !.

«On pense qu'il peut y avoir trois pôles : les macronistes pur sucre, un truc autour du MoDem de Bayrou et les sociaux-démocrates autour de Valls», résume un vallsiste du premier cercle.

Le 24 mars à l’Élysée, Manuel Valls a vu François Hollande pour la première fois depuis décembre 2016, selon des sources concordantes. Mais les proches du président de la République n'ont guère envie de lui laisser reprendre un rôle de leader.

«L'idée de Manuel Valls, c'est qu'il va rester une centaine de députés sociaux-démocrates, et il pense que ce sera lui le président de groupe. Moi, je pense que ça ne sera pas lui. Nous, on n'a pas trahi», cingle un ténor hollandais.

Benoît Hamon lui-même, le 26 mars soir sur France 2, avait dénoncé à l'avance sa «mise à mort avec le ralliement de Manuel Valls à la candidature d'Emmanuel Macron», prévue selon lui pour cette semaine. 

Certains vallsistes, comme le député Malek Boutih, le maire d’Évry Francis Chouat et le chef de file des sénateurs PS Didier Guillaume, penchent en effet en coulisses pour un soutien avant le premier tour.

Ce soutien «vaudrait plus cher» que celui, quasi automatique, qu'il pourrait faire en cas de second tour Macron-Le Pen ou Macron-Fillon, estime un vallsiste.

Esquisse d'un rapprochement, Manuel Valls a déjeuné le 15 mars avec François Bayrou, nouvel allié de premier rang du candidat d'En Marche !.

Et pour les législatives, le renvoi de nombreuses investitures du mouvement En Marche ! à l'après-présidentielle laisse la porte ouverte à d'autres accords d'appareils, en plus du MoDem, même si Emmanuel Macron s'en défend.