Vingt ans après sa suppression par Jacques Chirac en 1997, le service militaire revient sur le devant de la scène politique, dans le contexte d'élections présidentielles marquées, notamment, par la vigueur de la menace terroriste. Pas moins de trois «grands» candidats (selon les sondages) souhaitent son rétablissement pur et simple (pour des durées et sous des formes variées) – Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.
Emmanuel Macron : un mini-service militaire obligatoire d'un mois
Le 19 mars, c'est le leader du candidat En Marche ! qui a évoqué le sujet, en prônant le rétablissement d'un «service national [...] obligatoire et universel» d'une durée d'un mois. Durant cette période, a détaillé Emmanuel Macron, les jeunes hommes et femmes acquerront une expérience de la vie militaire, «de ses savoir-faire et de ses exigences», sous la direction de militaires et de gendarmes.
Un moyen pour les Français, selon lui, de faire l'expérience de la «mixité sociale» et de la «cohésion républicaine».
Si ce projet ne faisait pas partie jusqu'alors du programme d'Emmanuel Macron, il était en revanche prôné par le président du Mouvement démocrate (MoDem) François Bayrou, qui a rallié l'ex-ministre de l'Economie.
François Fillon : renforcer la réserve plutôt que rétablir le service militaire
Le mini-service militaire obligatoire proposé par Emmanuel Macron est loin d'avoir enthousiasmé la droite. Luc Chatel, porte-parole du candidat des Républicains à l'élection présidentielle, a décrié une idée «absurde et irréaliste», selon l'AFP. «Je ne comprends pas cette proposition, parce que les militaires ne sont pas des animateurs sociaux», a-t-il précisé.
François Fillon, en effet, n'est guère un nostalgique du service militaire en France. Sur son site de campagne, le champion de la droite s'engage ainsi à privilégier la réserve (en recrutant de nouveau militaires réservistes), au lieu d'«un service militaire volontaire fourre-tout et coûteux».
En novembre, déjà, l'ex-Premier ministre confiait à Valeurs actuelles que la France n'avait plus les moyens, «ni en personnels ni en infrastructures», de rétablir un service national. «J’ajoute que ce n’est pas à 18 ans qu’on doit transmettre les valeurs de la République et l’amour de la France, mais bien avant, dès l’école», avait-il tenu à préciser.
Marine Le Pen : pour un service militaire de trois mois
La présidente du Front national (FN), elle, croit en la pertinence d'un rétablissement du service militaire. Plus radicale qu'Emmanuel Macron, Marine Le Pen avait prôné, le 6 février, un «service à la nation militaire et obligatoire» de trois mois, visant à relancer l'assimilation et à «unir la jeunesse française».
L'obtention de prestations sociales telles que le RSA et les APL, avait ajouté la leader frontiste, pourrait être conditionnée à la réalisation de ce service (chez les jeunes Français de 18 ans). Au programme de celui-ci : «formation militaire citoyenne théorique et pratique», mais aussi des avantages, tels que le passage gratuit du permis de conduire.
Nicolas Dupont-Aignan : pour un service militaire et civique de trois mois
Même combat chez Nicolas Dupont-Aignan : le candidat du mouvement Debout La France souhaite instaurer «un service national civique et militaire mixte (femmes et hommes ensemble) de trois mois, au cours duquel les jeunes auront droit à un passage du permis de conduire», indique son site internet.
Benoît Hamon : valoriser le service civique volontaire
L'idée d'un service militaire obligatoire ne séduit pas le candidat du Parti socialiste (PS) Benoît Hamon. Le vainqueur de la primaire de la «Belle Alliance populaire» souhaite seulement valoriser le service civique volontaire (déjà existant), en permettant aux étudiants de valider le premier semestre d'université à travers lui, a rapporté le Monde en janvier.
Jean-Luc Mélenchon : pour la création d'une jeune garde républicaine
Rival à gauche de Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon développe sur le thème du service national des idées tout à fait opposées aux siennes. Pour le leader de la France insoumise, la création d'une «garde nationale ou républicaine» pourrait permettre de mettre fin au déploiement de militaires sur le territoire national, qu'il considère comme «un gâchis».
«[Je souhaite que] tous les jeunes Français, et toutes les jeunes Françaises soient appelés à participer à ce qu'on appellera soit une garde nationale, soit une garde républicaine [et fassent] le don du temps, naturellement rémunérés pour ça, à un moment de leur vie, notamment à la fin de leurs études», avait-il annoncé fin février sur iTélé (désormais CNews).
Début février, sur France 3, l'ex-dirigeant du Front de gauche s'était déjà déclaré en faveur d'un rétablissement de la conscription, «pour les tâches qui sont d’intérêt national, en particulier les tâches de sécurité et de sûreté intérieures».
Jean Lassalle : pour le rétablissement d'un service obligatoire, civil ou militaire
Le député des Pyrénées-Atlantiques et candidat à l'élection présidentielle, Jean Lassalle, est favorable à un rétablissement d'un service national obligatoire, civil ou militaire. Sur son site, on peut lire que celui-ci permettrait aux jeunes de «rentrer dans la vie active avec une expérience de missions réussies, à plusieurs, pour l’intérêt général».
Jacques Cheminade : pour une conscription obligatoire de six mois
Jacques Cheminade, enfin, souhaite que tous les Français apportent leur soutien, dans leur vie, au travail de l'armée française.
«Chaque Français et chaque Française sans exception doit se trouver systématiquement sensibilisé [aux] objectifs [de l'armée] au cours d’une période de conscription, associée à un service civique obligatoire d’une durée de six mois», explique-t-il dans son programme (qui n'a pas changé, sur ce sujet, depuis 2012).
Une manière, selon le président du parti Solidarité et progrès (SP), d'opposer une «armée républicaine de citoyens» aux «armées impériales de mercenaires».