France

Foi, Ramadan, Shabbat, sentiment de sécurité... un questionnaire pour élèves fait polémique en Corse

Un questionnaire destiné aux élèves corses, dans le cadre d'une étude sur la diversité commandée par l'Assemblée de Corse dirigée par les nationalistes, fait controverse sur l'île. Un élu de gauche a réclamé son interdiction.

«Est-ce que tu crois en Allah/Dieu/Yahvé ?», «Est-ce que ton père croit en Allah/Dieu/Yahvé ?», «Est-ce que ta mère croit en Allah/Dieu/Yahvé ?», peut-on lire dans un questionnaire destiné aux élèves de Corse, a rapporté l'AFP, le 19 mars.

Ce questionnaire, «élaboré par les enseignants-chercheurs» de l'Université de Corse, «fait suite à la demande émanant du Président de l’Assemblée de Corse [Jean-Guy Talamoni] concernant les questions [de] diversité culturelle», indique le document, destiné à des élèves du primaire et du secondaire d'au moins 8 ans.

S'y trouvent de nombreuses questions, sur les langues parlées par les élèves, mais aussi dans les familles et par les parents voire dans le quartier ou les médias qu'ils consultent, sur les voyages à l'étranger ou sur la religion et sa pratique. Le document traite également des habitudes alimentaires et culturelles lors du vendredi Saint, du Ramadan, ou du Shabbat, de la consommation de viande, du port de signes religieux distinctifs, du sentiment d'appartenance à la Corse et à la France ou du sentiment de sécurité.

«Je vais demander solennellement à la ministre de l’Education nationale d’interdire la diffusion de ce questionnaire dans les écoles de la République», a indiqué dans un communiqué François Tatti, le président (Divers gauche) de l'agglomération de Bastia et conseiller territorial. L'élu se dit «profondément heurté par la démarche et par le contenu» du questionnaire et se dit prêt à saisir le tribunal administratif si nécessaire pour obtenir son interdiction.

Simple «état des lieux» de la diversité culturelle en Corse, ou statistique ethnique ?

Dans une lettre au président de l'université dont l'AFP a obtenu une copie, le président indépendantiste de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni justifie cette démarche par la volonté de faire «un état des lieux» pour la commission permanente sur la «diversité culturelle et sa gestion». «La réalisation d'un état des lieux quantitatif est rendue indispensable pour évaluer l'importance de chacun des groupes culturels au sein de la population», écrit Jean-Guy Talamoni.

«Cet exercice n'est pas aisé et se heurte à des obstacles d'ordre juridique. La loi proscrit toute étude statistique à caractère ethnique», constate le nationaliste. «En s'appuyant sur les données démographiques et en sollicitant la contribution d'enseignants-chercheurs qui ont travaillé sur ces questions sensibles, une approche, quoi qu'empirique, est parfaitement envisageable», estime-t-il.

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