«J’ai honte de travailler à Aulnay», a déclaré sous couvert d’anonymat un employé du commissariat d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, au site Mediapart.
Précisant que la plupart de ses collègues sont «écœurés, dégoûtés par ce qui s’est passé», il ajoute que les quatre policiers mis en examen «avaient le droit d’interpeller Théo, ils avaient un motif légitime», avant de poursuivre : «Mais pas le reste…»
«J’ai vu et entendu des officiers de police judiciaire passer leur temps à leur dire [aux quatre policiers mis en examen] d’y aller moins fort. C’étaient vraiment des habitués. Dès qu’ils sortaient du commissariat et qu’il n’y avait plus d’autorité derrière eux, ils s’imaginaient être les maîtres dans la rue. Ils faisaient ce qu’ils voulaient, quoi ! Le plus vieux, il n’avait que sept ans de police. On les a un peu lâchés dans la nature…», raconte-t-il.
Poursuivant sur la mauvaise réputation du groupe, il rapporte : «Ils aiment se battre, casser des gens. C’étaient toujours les premiers à se ruer dans les cellules lorsqu’un gardé à vue pétait un plomb ou se rebellait. L’un d’eux, un brigadier, était particulièrement violent. Je l’ai vu avoir des gestes déplacés au poste, menacer des hommes menottés au banc : "Toi, on va t’éclater !" Et, à chaque fois que des jeunes se plaignaient, c’était cette équipe-là.»
Un nouveau témoignage médiatique qui contraste avec la version livrée par l’avocat du policier de 27 ans soupçonné de viol. Début février, maître Frédéric Gabet avait en effet évoqué son client, sur la chaîne Franceinfo, comme «un garçon paisible, calme, qui n'a jamais eu affaire à la justice».
Le 4 mars, Théo Luhaka, qui accuse un gardien de la paix de lui avoir volontairement enfoncé une matraque téléscopique dans le rectum, lors de son interpellation le 2 février à Aulnay-Sous-Bois, a donné sa version des faits devant le juge d'instruction chargé de l'enquête.