Le 20 février dernier, le député du Mouvement Bleu Marine, Gilbert Collard, avait déposé une proposition de résolution visant à suspendre les poursuites engagées à son encontre pour «diffusion d’images à caractère violent de nature à porter atteinte à la dignité humaine». Ce texte, conçu sur mesure par et pour son auteur, propose ainsi aux députés, «en application de l’article 26 dernier alinéa de la Constitution, la suspension, jusqu’au terme de la présente session, des poursuites pénales engagées contre Monsieur Gilbert Collard».
A la mi-février, le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas avait demandé aux députés de lever l'immunité parlementaire de Gilbert Collard, à la demande du parquet de Nanterre, afin qu'il puisse être poursuivi pour avoir partagé, en décembre 2015, sur Twitter, des photos rendant compte des exécutions perpétrées par l'Etat islamique.
Le caractère grotesque de la démarche est assumé par son auteur, qui a dit au Lab d'Europe 1 vouloir «emmerder les imbéciles et montrer l’action liberticide du gouvernement» avec ce texte. Ce dernier ne sera pas examiné par l'Assemblée, puisque la session parlementaire s'est terminée le 26 février dernier.
Reste que l'élu proche du Front national (FN) ne veut pas croire à une coïncidence de l'agenda judiciaire. «La proximité d’élections présidentielles et législatives, étant candidat à ma propre succession, démontre le caractère déloyal de la demande de levée de mon immunité parlementaire», dénonce-t-il. Il s'agit, selon lui, d'une manœuvre «dans le dessein bien compris de [le] discréditer auprès des électeurs de [sa] circonscription».
Quelques jours plus tôt, c'est Marine Le Pen, la présidente du FN, qui avait qualifié de manoeuvres politiques les poursuites judiciaires engagées en pleine campagne contre des membres de son parti.