Les demandes de déclassification de documents classés «secret défense» concernant la mort de Robert Boulin ont été ordonnées en décembre par le juge d'instruction, à la suite d'une demande formulée en juin dernier par la fille du ministre, Fabienne Boulin-Burgeat, a appris l'AFP d'une source proche du dossier, confirmant une information de 20 minutes.
La Commission consultative du secret de la Défense nationale doit désormais rendre un avis sur les déclassifications demandées, avant une décision finale du ministre de l'Intérieur.
Interrogée par l'AFP, l'avocate de la fille de Robert Boulin, Maître Marie Dosé, a déclaré «miser énormément sur la déclassification de ces documents». «Si on n'en retrouve pas, c'est qu'on n'a pas envie de nous en donner», a-t-elle assuré.
L'avocate s'est par ailleurs dite «plutôt en confiance» quant aux suites que doit donner le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, selon elle «plutôt engagé dans cette affaire».
En 2013, alors simple député PS, Bruno Le Roux avait en effet demandé à Jean-Marc Ayrault la réouverture de l'enquête sur la mort de l'ancien ministre.
«L'affaire Boulin traîne [...] son cortège de curiosités judiciaires, de négligences et d'oublis : expertises contestables, disparitions en série de scellés judiciaires, incohérences médico-légales, destruction de toutes les archives de l'ancien ministre dès après sa mort ...», avait écrit le député Le Roux dans sa lettre au Premier ministre de l'époque.
Un assassinat politique ?
Le corps de Robert Boulin avait été retrouvé le 30 octobre au matin, dans 50 centimètres d'eau dans l'étang du Rompu à Saint-Léger-en-Yvelines. Officiellement, il se serait suicidé après avoir absorbé des barbituriques.
La veille, en quittant le ministère de Travail, il avait déposé des dossiers confidentiels dans son appartement de Neuilly-sur-Seine puis était parti pour une destination inconnue.
Après un non-lieu rendu en 1991, une nouvelle instruction pour «arrestation, enlèvement et séquestration suivi de mort ou assassinat» a été ouverte en août 2015, à la suite d'une plainte de Fabienne Boulin-Burgeat. Elle a toujours soutenu qu'il s'agissait d'un assassinat politique et non d'un suicide.
Résistant devenu avocat, Robert Boulin avait entamé une carrière politique en 1958 en devenant député gaulliste de Gironde puis maire de Libourne un an plus tard avant d'occuper de nombreux portefeuilles ministériels. Sa popularité avait alors nourri des rumeurs qui le désignaient comme «premier ministrable» de Valéry Giscard d'Estaing.