France

Emplois fictifs : Marine Le Pen n'acceptera d'être entendue qu'après la présidentielle

La présidente du Front national Marine Le Pen était convoquée le 22 février pour être entendue par les enquêteurs dans l'affaire des assistants d'eurodéputés de son mouvement. Elle a refusé de se présenter.

Marine Le Pen a refusé de se rendre à sa convocation pour être entendue dans l'affaire des emplois fictifs présumés d'assistants de députés FN au Parlement européen. Elle a émis le souhait d'être entendue après l'échéance électorale présidentielle. 

«Il faut revenir à un usage républicain qui est celui d'une trêve [judiciaire]. Que ces auditions aient lieu après les élections», a déclaré à l'AFP l'avocat de Marine Le Pen, Rodolphe Bosselut, s'étonnant d'une «subite précipitation» des investigations à deux mois de la présidentielle.

«L'enquête n'est pas nouvelle, qu'est-ce qui empêchait d'ouvrir une information judiciaire après la remise du rapport de l'OLAF [l'organisme antifraude de l'Union européenne] cet été et d'entendre les protagonistes à l'automne ? Il y avait toute latitude pour le faire avant», a-t-il argumenté.

Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a condamné cette décision de Marine le Pen.

«Aucun responsable politique ne peut refuser, s'il est républicain, de déferrer aux convocations de la justice. Le respect de l'autorité de l'Etat et des institutions commence par cela», a affirmé le chef du gouvernement à l'AFP. «Lorsqu'on prétend aux plus hautes responsabilités, on ne peut se placer au-dessus des lois de la République», a-t-il ajouté.

Comme l'a également révélé Le Monde, la candidate à la présidentielle était convoquée pour être entendue en audition libre à l'Office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF) à Nanterre, le même jour que son chef de cabinet Catherine Griset, qui a elle été placée en garde à vue avant d'être mise en examen pour recel d'abus de confiance. Le garde du corps de Marine Le Pen, Thierry Légier, a aussi été placé en garde à vue le 22 février mais il est ressorti sans mise en examen.

Dans cette affaire, les juges d'instruction, saisis depuis décembre après une enquête du parquet de Paris, cherchent à déterminer si le Front National a mis en place un système pour que le Parlement européen prenne en charge, via des contrats d'assistants parlementaires, des salaires de cadres ou d'employés du parti en France.

Les cas des deux assistants frontistes, salariés en 2011 pour Thierry Légier, et de 2010 à 2016 pour Catherine Griset, ne sont pas les seuls visés par les juges d'instruction mais le Parlement européen les considère suffisamment établis pour avoir réclamé à Marine Le Pen un total de 339 946 euros de salaires qu'il considère indûment versés.

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