France

Le méga-fichier comportant les données des Français commence à prendre forme

La généralisation à toute la métropole du mégafichier qui doit regrouper à terme les données biométriques de tous les Français a commencé le 21 février à Paris. Ce dernier est très controversé depuis l'annonce de sa création.

Ses détracteurs peuvent commencer à trembler : le très controversé fichier des «Titres électroniques sécurisés» (TES) va entrer en service sur l’ensemble de la métropole. Après une expérimentation dans les Yvelines et en Bretagne, il va être d'abord déployé à Paris, puis dans le Val-d'Oise, les Hauts-de-Seine et dans toute l'Ile-de-France avant d'être généralisé à tous les départements français d'ici au 28 mars.

Pour rappel, le TES est une base de données censée regrouper les informations personnelles des titulaires d'un passeport ou d'une carte d'identité. Soit environ 60 millions de Français. Cette initiative d’une ampleur sans précédent a pour but de sécuriser la délivrance ou le renouvellement des titres et de prévenir et détecter les falsifications et contrefaçons. Cependant, il ne pourra pas être utilisé pour identifier les individus notamment au cours d’une enquête.

Dans le détail, le TES comprendra entre autres les nom, prénom, date et lieu de naissance, sexe, couleur des yeux, taille, domicile, filiation (identité et nationalité des parents) ainsi que des images numérisées du visage, des empreintes digitales et de la signature.

Levée de boucliers

Depuis l’annonce de sa création au Journal officiel, lors du week-end de la Toussaint 2016, le TES a provoqué de vives critiques de la part de personnalités politiques et associations. Plusieurs parlementaires ne s’étaient pas privés de vertement critiquer le projet. La sénatrice Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Esther Benbassa avait parlé de «redoutable outil de surveillance et de répression».

Même le sénateur socialiste Gaëtan Gorce avait tweeté son inquiétude vis à vis d’un «risque potentiel pour nos libertés». «Quand on veut protéger la vie privée, on ne fabrique pas un fichier de 60 millions de personnes», avait estimé à RT la députée du Calvados Isabelle Attard.

La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), organisme chargé de veiller au respect de la vie privée, avaient quant à elle jugé cette décision, prise sous un gouvernement de gauche, dangereuse. Elle s’était notamment dite inquiète du fait qu'une centralisation de données aussi sensibles ne devienne la proie du piratage ou d'un détournement, qui serait grandement facilité par la concentration des données en un seul lieu .

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D’ailleurs, le 17 janvier, la Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’Etat (DINSIC) et l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) ont rendu leur audit à propos du TES. Et les résultats semblent justifier les craintes de la CNIL : un «durcissement des mesures de sécurité» est nécessaire.

D’après le rapport, une série de points faibles ont été repérés. S’ils n’ont pas été détaillés pour ne pas faciliter la tâche aux pirates informatiques, des «mécanismes de cloisonnement et de filtrage» insuffisamment «robustes», ainsi que des mots de passe trop simples ont été évoqués. Reste à savoir si tout est rentré dans l'ordre depuis.