France

Sans eau depuis mi-décembre, les habitants de Mayotte sont à bout de nerfs

Les pénuries d'eau dont souffre Mayotte suscitent la colère des habitants qui sont sortis dans la rue pour interpeller les élus et les autorités sur les conséquences de la grave sécheresse qui sévit dans une partie de ce département d'outre-mer.

Un demi-million d'euros va être débloqué en urgence pour les écoles de Mayotte, face à la pénurie d'eau que connaît le sud de l'île depuis bientôt deux mois, ont annoncé le 4 février le ministère de l'Outre-mer et les autorités locales.

Cette somme, qui sera gérée par le préfet de Mayotte en «étroite concertation» avec les maires, financera l'achat de bouteilles et de citernes d'eau, a indiqué le ministère d'Ericka Bareigts dans un communiqué.

Le manque d'eau dans huit communes du sud et du centre de ce département français avait réduit l'accueil des élèves dans certains établissements scolaires à deux heures par jour. De plus, les conditions d'hygiènes sont déplorables dans les sanitaires scolaires. 

Après la manifestation du 2 février, le préfet de Mayotte avait réuni les maires des communes concernées.

Il leur a exposé à cette occasion les mesures qui sont déployées à court et moyen terme, notamment le recours à un tanker pour lequel le groupe Vinci mène actuellement une étude de faisabilité.

«La consommation humaine d’eau pluviale mais aussi de celle provenant de puits dont la qualité n’est pas assurée est formellement déconseillée», a rappelé la préfecture dans un communiqué.

Les manifestants, reçus le 2 février par un sous-préfet, étaient ressortis très insatisfaits de la rencontre.

«A notre requête pour des mesures exceptionnelles d'alimentation des populations sinistrées en eau, la préfecture nous a répondu que l’Etat n’avait pas assez de moyens et que les mesures qui doivent être appliquées en urgence pourraient lui coûter trop cher», a déploré Ousseni Ballache, membre du collectif et par ailleurs syndicaliste CFDT.

Le Collectif dénonce les conséquences sanitaires et économiques que la population ressent durement dans une île touchée par la pauvreté où le coût de l'eau en bouteille reste élevé.

«Nous avons des patients hospitalisés à domicile par souci d’économie pour la sécurité sociale, et qui se retrouvent confrontés à la pénurie d’eau notamment en matière d’hygiène. Il faut ajouter que nous risquons des propagations des épidémies de typhoïde, de la gale, d’hépatite A...», s'est inquiété Ousseni Ballache.

Les secteurs du BTP, de la restauration, du tourisme sont notamment pénalisés, a-t-il souligné.

A court et moyen terme, selon la préfecture, l'Etat prévoit notamment d'interconnecter les réseaux d'eau Nord et Sud de l'île, d'identifier de nouvelles ressources ou encore de favoriser l’installation de systèmes de récupération des eaux de pluies.