France

Accusation d'emploi fictif : le parquet financier ouvre une enquête sur Pénélope Fillon

Après la révélation que l'épouse du candidat à la présidentielle aurait perçu des centaines de milliers d'euros de rémunération, notamment à titre de collaboratrice de son mari, ce dernier a vivement nié qu'il s'agissait d'un emploi fictif.

Le parquet national financier de France a ouvert une enquête le 25 janvier pour «détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits», après la parution le même jour d'un article du Canard enchaîné, qui accusait la femme de François Fillon, Pénélope, d'avoir été rémunérée pendant huit ans comme attachée parlementaire de son mari ou du suppléant de celui-ci, ainsi que par la Revue des deux mondes.

La justice devra désormais déterminer si l'épouse du candidat à la présidentielle a, ou non, fourni des prestations en échange du salaire perçu, rapporte Le Parisien.

En déplacement dans la Gironde lors de la publication de l'article, François Fillon avait réagi à la polémique : «Je vois que la séquence des boules puantes est ouverte. Je ne ferai pas de commentaire parce qu'il n'y a rien à commenter. Et je voudrais simplement dire que je suis scandalisé par le mépris et par la misogynie de cet article [...] Alors parce que c'est mon épouse, elle n'aurait pas le droit de travailler ?»

Thierry Solère, porte-parole du candidat, a confirmé à l'AFP que Pénélope Fillon avait «bien été la collaboratrice de François Fillon» et qu'elle avait «travaillé à la Revue des deux mondes». «Il est fréquent que les conjoints de parlementaires soient leurs collaborateurs», a-t-il affirmé, sans citer de chiffre de rémunération.

D'après «les feuilles de paie» de Pénélope Fillon, évoquées par l’hebdomadaire français, celle-ci aurait été rémunérée de 1998 à 2002 par son mari, député de la Sarthe, sur l'enveloppe réservée à cet effet pour les députés et les sénateurs.

Le fait d'embaucher des proches comme collaborateurs à l'Assemblée ou au Sénat n'est pas interdit pour les parlementaires, à condition que ce ne soit pas un emploi fictif. Ces emplois dits «familiaux», qui nourrissent des suspicions, sont pourtant critiqués par certains politiques, comme le candidat à la primaire de la gauche Benoît Hamon, qui, en réaction à la polémique, a proposé qu'on «n’ait plus le droit d’embaucher ni un enfant, ni son cousin, ni un parent, ni sa femme».

L'enveloppe qui sert à rémunérer les assistants parlementaires, basés à l'assemblée ou dans les permanences des circonscriptions, vient en sus de l'indemnité du député. «Calculé en principe pour trois collaborateurs», selon le site de l'Assemblée, son montant est de 9 561 euros par mois actuellement.

500 000 euros perçus en huit ans ?

A partir de 2002, après l'entrée de François Fillon au gouvernement, Pénélope Fillon, sans profession connue et qui est toujours restée en retrait des activités politiques de son mari, devient collaboratrice du suppléant de celui-ci, Marc Joulaud. D'après les chiffres obtenus par Le Canard enchaîné, c'est à cette période qu'elle sera rémunérée le plus (de 6 900 à 7 900 euros mensuels).

Une collaboratrice de François Fillon de l'époque, interrogée par Le Canard, dit «n'avoir jamais travaillé avec elle». «Je n'ai pas d'info à ce sujet. Je ne la connaissais que comme femme de ministre», assure-t-elle.

Le journal affirme que Pénélope Fillon a de nouveau été rémunérée en 2012 «pendant six mois au moins» quand François Fillon est redevenu député, après cinq ans à Matignon. «Au total, Pénélope aura perçu environ 500 000 euros brut sur les caisses parlementaires» en huit ans, affirme l'hebdomadaire.

Pénélope Fillon «a toujours travaillé dans l'ombre, car ce n'est pas son style de se mettre en avant», a fait valoir Thierry Solère, qui précise aussi que celle-ci est «diplômée».

Le Canard Enchaîné affirme également que Pénélope Fillon a été salariée, entre le 2 mai 2012 et décembre 2013, de la Revue des deux mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière (Pdg de Fimalac), un ami de François Fillon. Elle touchait alors environ 5 000 euros bruts par mois.

Interrogé par l'hebdomadaire, le directeur de la revue, Michel Crépu, se dit «sidéré» : «Je n'ai jamais rencontré Pénélope Fillon et je ne l'ai jamais vue dans les bureaux de la revue.»