France

La justice donne raison à Montebourg et estime que le Pen a bien «fait l'éloge de la Gestapo»

La cour d'appel de Paris a débouté Jean-Marie le Pen, qui poursuivait en diffamation Arnaud Montebourg pour avoir affirmé que le président d'honneur du Front national avait «fait l'éloge de la Gestapo».

Dans l'affaire de diffamation opposant Jean-Marie le Pen à Arnaud Montebourg, la cour d'appel a totalement confirmé le jugement de première instance, qui avait, fait rare, retenu «l'exception de vérité» soulevée par la défense, expliquant en clair qu'Arnaud Montebourg ne pouvait être poursuivi car il disait la vérité en estimant que «Le Menhir» avait «fait l'éloge de la Gestapo».

L'ancien dirigeant du parti d'extrême droite a aussi vu confirmée, compte tenu de sa «mauvaise foi», sa condamnation à verser 3 000 euros à l'ancien ministre du Redressement productif, pour procédure abusive.

A l'audience, la défense de l'ancien ministre a produit plusieurs décisions de justice, desquelles il ressortait, selon le tribunal, que Jean-Marie Le Pen avait bel et bien fait l'éloge de la Gestapo et de l'occupation allemande. La cour d'appel a confirmé que «l'offre de preuve remplissait les exigences» prévues par la loi.

L'exception de vérité n'est que très rarement retenue par la justice, car la preuve doit être «parfaite, complète et corrélative aux diverses imputations formulées», selon une jurisprudence constante au moins depuis 1948.

Le 23 février 2014, en pleine campagne pour les municipales, le ministre socialiste avait débattu avec Marine Le Pen, fille et héritière politique du cofondateur du Front national (FN) et avait à cette occasion déclaré : «Moi je n'oublie pas que le président d'honneur du FN a fait il y a quelques années l'éloge de la Gestapo et de l'occupation allemande.»

Allusion, notamment, aux propos de Jean-Marie Le Pen sur l'occupation allemande, qui n'aurait pas été «particulièrement inhumaine».

Propos qui lui ont valu, au terme d'une longue procédure, d'être définitivement condamné à trois mois de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende, pour contestation de crime contre l'humanité.

Jean-Marie Le Pen, 88 ans, a déjà été condamné plusieurs fois pour des propos considérés comme négationnistes ou incitant à la haine. Il avait notamment été condamné en avril 2016 à 30 000 euros d'amende pour contestation de crime contre l'humanité pour avoir répété que les chambres à gaz n'étaient qu'un «détail» de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. «A moins que la Seconde Guerre mondiale ne soit un détail des chambres à gaz», avait-il ajouté. 

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