«Le principe c'est que dans un lieu clos avec potentialité de prise d'otages, la force Sentinelle n'est pas la plus compétente», a fait savoir Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, de manière assez surprenante.
Lors d’une audition devant la commission d’enquête parlementaire sur les moyens mis en œuvre par l'Etat pour lutter contre le terrorisme, le ministre a tenté de répondre aux nombreuses interrogations concernant le rôle de l’armée au soir du 13 novembre.
Dans une atmosphère tendue, Jean-Yves Le Drian a notamment affirmé qu’il y avait des «forces de police et de sécurité intérieure qui sont plus importantes et qui peuvent intervenir plus vite et plus efficacement», dotées d'un «savoir-faire» précis en la matière.
«En cas de péril imminent, [si] la force Sentinelle est primo-arrivante elle intervient [....], on fait feu», a-t-il expliqué, avant d'ajouter : «Sauf s'il y a un ordre inverse.»
Et justement, un ordre inverse a été donné le 13 novembre aux militaires qui se trouvaient à proximité du Bataclan mais qui ne sont pas intervenus. Georges Fennech, député Les Républicains (LR) et président de la commission d'enquête a bien entendu souhaité connaître l’analyse du ministre de la Défense sur ce point.
«Je ne vais pas vous le dire quinze fois [...] la force Sentinelle avait des ordres contraires» de la préfecture de police de Paris, a martelé le ministre. Pour en connaître la raison, il faudra repasser.
Des questions demeurent
Autre point problématique : le refus des militaires de prêter leurs fusils d’assaut aux policiers alors que ces derniers en avaient fait la demande. Voici ce qu’a déclaré le locataire de l’hôtel de Brienne à ce propos : «Il faut d'abord obéir aux ordres et en plus on ne prête jamais ses armes !»
Ces réponses évasives risquent de ne pas éteindre la polémique née des révélations du Canard Enchaîné en novembre 2016. L’hebdomadaire avait affirmé que les militaires n’avaient pas reçu l'ordre d’intervenir mais également qu’ils ne devaient en aucun cas prêter leur équipement aux policiers déjà présents à proximité du Bataclan le soir du 13 novembre.
«Dès 22 h, le capitaine constitue "une colonne d’assaut" pour progresser vers le Bataclan [...] Les troupes d’élites de la BRI, elles, ne sont pas encore arrivées. Mais les pandores reçoivent l’ordre ne de plus bouger. Pour le préfet de police de Paris, qui compte sur ses seuls flics pour faire le boulot sur son territoire, ils ne sont pas les bienvenus. Chasse gardée !», avait écrit le palmipède. Avant de s’interroger : «Une heure plus tard, d’ailleurs, le même préfet refusera aux super gendarmes du groupe d’intervention dépêchés à la caserne des Célestins, à deux pas du Bataclan, de prêter main-forte à ses poulets de la BRI. Peur de la concurrence ?»