France

Du ministère à Uber : un débauchage dans les règles de l'art

Grégoire Kopp, conseiller en communication du secrétaire d’Etat chargé des transports vient d'être nommé directeur de la communication de Uber France. On n'en est plus à une contradiction près.

Uber semble décidément exceller dans l'art du débauchage. Après avoir incité des particuliers à devenir chauffeurs pour son service UberPop, pourtant à la limite de l'illégalité, le géant américain vise plus haut. 

Aujourd'hui, c'est au tour de Grégoire Kopp, conseiller en communication du Secrétaire d’Etat chargé des transports Alain Vidalies d'être séduit. Il vient tout simplement d’être nommé directeur de la communication d’Uber France. Son remplacement a été publié au Journal officiel.

L’intéressé a été auditionné par la Commission de déontologie, qui doit encore déterminer si son transfert du ministère des Transports à Uber ne pose pas de problèmes de conflits d'intérêts. Pour Grégoire Kopp, qui devra prendre ses fonctions chez Uber le 22 juin, il n'y en a aucun, et ce, malgré les apparences.

En effet, il ne s'est encore jamais trouvé à un poste stratégique. Et puis après tout, les taxis et les VTC sont rattachés au ministère de l’intérieur, endroit où il n’a jamais travaillé.

De plus, les révélations d'un journaliste ont récemment montré que Grégoire Kopp n'avait pas toujours été un fervent partisan de Uber.



L'ex-conseiller en communication du ministère des transports a répondu assumer ces tweets et explique que Uber l'a recruté en connaissance de cause. Selon lui, si UberPop n'a pas de cadre légal, «tout est à écrire». Il s'est également dit être «très heureux de pouvoir, avec [ses valeurs], contribuer à leur réflexion stratégique en les rejoignant». 

Le cas de Grégoire Kopp semble marquer un nouveau tournant schizophrène dans les affaires Uber qui font s'accumuler les contradictions autant morales que judiciaires.

Très récemment, un chauffeur UberPop a été relaxé par le tribunal correctionnel de Paris, alors que, quelques jours plus tôt la préfecture de Marseille avait affirmé que les conducteurs qui exerceraient illégalement la profession de taxi ou de conducteur de VTC, s'exposeraient à de lourdes sanctions pénales. 

En savoir plus : UberPop triomphe en justice : un chauffeur relaxé

Des préfets ont interdit ces dernières semaines le service, pour «concurrence déloyale» vis-à-vis des VTC et taxis, deux professions ulcérées par le développement de cette activité, illégale, selon le gouvernement. La Cour de cassation examine une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur ce sujet, mais ne l’a pas encore transmise au Conseil constitutionnel.

Malgré cette abondance de procédures judiciaires, Uber a continué à développer UberPop, en l'introduisant notamment à Strasbourg, Nantes et Marseille en début de semaine. Cela n'a pas manqué d'énerver à nouveau les chauffeurs de taxis qui ont bruyamment manifesté dans les villes concernées dans un climat parfois électrique et qui a vu naître quelques échauffourées.