France

Procès du Carlton de Lille : DSK échappe à une condamnation

Dominique Strauss-Kahn a été relaxé dans l'affaire dite du Carlton de Lille. Les juges ont suivi les réquisitions du Parquet, qui au terme de 3 semaines de procès en février, avait demandé la relaxe faute de charge suffisante dans le dossier.

DSK n'est donc qu'un simple libertin. Le délibéré rendu au Tribunal de Grande Instance de Lille récuse les accusations de «proxénétisme aggravé en bande organisée» qui pesaient sur l'ancien patron du FMI dans cette sombre affaire de prostitution dite du Carlton de Lille. Lors des réquisitions, le Parquet avait dénoncé une instruction défaillante. DSK encourrait une peine théorique de 10 ans de prison assortie d'une amende de 1,5 million d'euros.

Des relaxes en cascade

Autres relaxes prononcées par le Tribunal de Lille : celle de Dominique Alderweireld, dit Dodo la saumure et de sa compagne Béatrice Legrain. Dodo, proxénète assumé gérant de bars à hôtesses dans la Belgique voisine, était soupçonné d'avoir envoyé depuis la Belgique des prostituées dans la région lilloise, ainsi qu'à Paris et aux Etats-Unis mais le juge Bernard Lemaire a estimé que les infractions n'étaient pas caractérisées.

Idem pour Fabrice Paszkowski et David Roquet, les deux entrepreneurs du Nord, amis de DSK. Les enquêteurs les soupçonnaient d'être les organisateurs des «parties fines».

Hervé Franchois et Francis Henrion, respectivement propriétaire et directeur du Carlton sont eux aussi blanchis par la justice. L'ancien chef de la sûreté urbaine du Nord, le commissaire Jean-Christophe Lagarde, qui a participé à des voyages à Washington, à l'époque où DSK y était encore en poste, est également relaxé.

Seul René Kojfer, 73 ans, ancien chargé des relations extérieures de l'hôtel Carlton, a été condamné. Celui que le Parquet avait qualifié de «Sergent-recuteur de la prostitution lilloise» écope d'un an de prison avec sursis.

Une instruction bancale

En février dernier, lors du procès, les juges lillois avaient pu découvrir un Dominique Strauss-Kahn combattif, niant farouchement être l'instigateur des soirées libertines auxquelles il assistait. «Non» il ne savait pas que les femmes qu'il croisait étaient des prostituées, arguait-il à la barre.  Au bout de 3 semaines d'audience, le Parquet avait dénoncé une instruction mal ficelée, et avait requis la relaxe pour DSK. 

En effet de ce grand procès de Lille ce sont surtout les failles de l'instruction que l'on retiendra. Certains débats tournant exclusivement autour des pratiques sexuelles des prévenus. Pour les parties civiles, dont l'association Le Nid, cette audience a tout de même permis de parler publiquement de la prostitution et de s'interroger sur la législation en vigueur.

En savoir plus : le Ministère public demande la relaxe pour Dominique Strauss Kahn

Cette affaire, dans laquelle l'ancien patron du FMI était accusé d'être la tête pensante d'un petit réseau de prostitution dédié à ses besoins, a éclaté en France il y a un peu plus de 3 ans, quelques mois à peine après une autre affaire à connotation sexuelle, celle du Sofitel de New-York (mai 2011). Accusé d'agression sexuelle sur une femme de ménage, DSK avait alors échappé à un procès grâce à une transaction (autorisée dans le droit américain) mais il avait dû renoncer à se présenter à l'élection présidentielle de 2012, dont il était le grand favori.