Une nouvelle histoire peu ordinaire a pris pour cadre l’aéroport parisien de Roissy. Une fillette de nationalité française et âgée de 6 ans a été conduite samedi dernier en zone d’attente pour personnes en instance (ZAPI). De retour du Cameroun, elle a été accueillie par du personnel spécialement formé sous l’autorité de la police aux frontières.
Mais que faisait cette enfant de nationalité française dans cette structure où sont habituellement placés les sans-papiers ? Vivant au Cameroun, elle venait voir sa mère, française également, en vacances à en croire l’avocate de cette dernière. Problème, les policiers ont jugé ses papiers «usurpés», la jeune fille ne ressemblant pas à la photo figurant sur son passeport français selon eux. Un passeport pourtant récent.
Cela aura pris quatre jours pour que la petite fille soit libérée. Elle a reconnu sans aucune hésitation sa mère à l’aéroport et au tribunal de Bobigny ou elle comparaissait mardi. Le juge a estimé que «l’ensemble des éléments du dossier» contredisait la version des policiers. L’avocate de la mère compte désormais demander des dommages et intérêts à l’Etat ainsi que la restitution des papiers d’identité.
Quant à la deuxième concernée, la petite ivoirienne Fanta, elle est arrivée samedi à l’aéroport et a retrouvé la liberté mercredi. C’est la décision du juge des libertés et de la détention qui a permis de faire sortir l’enfant.
Décision exceptionnelle
Maintenir un enfant aussi jeune, isolé de sa famille, en ZAPI est une décision «exceptionnelle» selon une source proche du dossier. Dans le cas de Fanta, elle se justifiait cependant par la nécessité de vérifier que l’homme qui l’accompagnait était bien son père et qu’elle n’avait pas été enlevée à sa famille ivoirienne, à en croire cette même source.
Le père de la petite ivoirienne avait présenté un faux passeport aux policiers. Il en a justifié l’acquisition par le besoin urgent de la ramener en France. Etant lui-même en situation irrégulière, il ne pouvait user «des voies normales».
Mohammed Doumbia, a expliqué qu’«il fallait coûte que coûte aller chercher sa fille» pour «éviter qu’elle ne soit excisée». Il affirme avoir demandé l’asile pour elle.
Le Défenseur des droits a ouvert une enquête afin de faire la lumière sur les circonstances du maintien de Fanta dans la Zapi selon une porte-parole.
Contactée, la préfecture n'avait pas réagi jeudi après-midi.