France

L'Entreprise Rhône-Alpes International vit-elle ses dernières heures ?

L’existence de l'Entreprise Rhône-Alpes International (ou ERAI) est suspendu à une décision du tribunal de grande instance de Lyon. Les 210 salariés du groupe s'attendent sans illusions à une liquidation judiciaire.

C'est un dossier économique qui a vite pris une tournure politique. Dans une situation financière précaire, l'Entreprise Rhône-Alpes International s'est vue refuser toutes les demandes d'aides et de reprises soumises à la volonté des élus de la région. Dernier refus en date : la proposition de reprise par l'Agence Régionale de Développement de d'Innovation (ARDI). Considérée par les salariés d'ERAI comme l'idée de la dernière chance, son rejet par le conseil général de Rhône-Alpes a signé le vraisemblable arrêt de mort de l'entreprise. Les 210 employés attendent la décision du TGI de Lyon qui devrait, mardi 9 juin, décider, ou non, du placement en liquidation judiciaire de leur entreprise.

Comment en sommes-nous arrivés là ? L'ERAI, créée en 1987 à l'initiative d'Alain Mérieux - alors vice-président du conseil régional - était une société aux bases solides, dont les implantations à l'international avaient permis à de nombreuses coopérations économiques et culturelles de voir le jour. On notera par exemple le jumelage de la région Rhône-Alpes avec la municipalité de Shanghai (en 2008), ou encore la constitution d'un réseau de chefs d'entreprises venant des deux rives de la méditerrannée (en 2014).

C'est au début de la décennie que les comptes de l'ERAI sont rentrés dans le rouge. L'entreprise, financée à hauteur de 60% par la région Rhône-Alpes, a affiché un résultat net en 2014 (-4,6 millions d'euros) plombé par les créances de sa maison-mère. Son endettement avait alors été évalué à 5,55 millions d'euros.

Les possibilités de survie de l'entreprise sont liées aux décisions des élus du conseil général de Rhône-Alpes. Or, une alliance improbable FN-Droite-EELV s'est montrée farouchement opposée au projet de reprise d'ERAI par ARDI. En cause, d'après les élus concernés : la mauvaise, voire malhonnête gestion de la société par ses cadres, l'utilisation impudique des fonds publics et l'opacité des rapports de l'entreprise.

Pour appuyer leur argumentaire, les élus régionnaux évoquent les 19 millions d'euros dépensés dans un pavillon à l'occasion de l'Exposition Universelle de Shanghai en 2010. Estimant que les cadres d'ERAI disposent de salaires trop élévés, le conseiller régional Jérôme Thien (Les Républicains) parle de «tonneau des danaïdes». Pour le Vert Jean-Charles Kohlhas, la région ne verra jamais de retours sur investissement : «la Région aura mis plus de 40 millions d'euros dans ERAI en subventions ordinaires, exceptionnelles et avances remboursables qui seront sans doute perdues», a-t-il déclaré.

L'Entreprise Rhône-Alpes International dispose en 2015 de 27 implantations à l'étranger. Ses tentacules s'étendent jusqu'à la Chine, le Canada, les Etats-Unis, le Brésil, l'Inde, etc. Sur ses 210 salariés, seuls 126 travaillent sur le sol français.

Pour les autres, une nouvelle problématique risque de voir le jour : dans certains pays, tels que les Emirats-Arabes-Unis, le Vietnam ou encore la Turquie, faillite est synonyme de prison. Si la mise en liquidation judiciaire d'ERAI est actée, c'est un budget de 900 000 euros que la région va devoir débloquer pour éviter ce sort aux salariés de l'entreprise.