«Les ennemis de nos ennemis sont nos amis» ? C'est la tournure que semble prendre désormais la saga Taxi-VTC-Uber. Un joli désordre sur lequel RT fait le point.
De nouvelles échauffourées aujourd'hui
Ce matin, une centaine de taxis s'étaient rassemblés à Marseille pour demander la prise d'un arrêté préfectoral interdisant l'utilisation de l'application UberPop, «comme cela a pu se faire dans d'autres villes». Des échauffourrées avec des chauffeurs UberPop ont eu lieu :
Plusieurs centaines de chauffeurs de taxi ont également mené des opérations «escargot» sur les périphérique de Nantes et de Strasbourg ce matin pour réclamer eux aussi un arrêté d'interdiction du service UberPop qui représente à lui seul tous les maux des chauffeurs de taxis et de VTC réunis, puisqu'il permet à de simples particuliers sans statut, formation ni expérience de gagner de l'argent en effectuant des courses quand cela lui chante.
Uber n'est pas le bienvenu
La préfecture de Marseille a rappelé dans un communiqué que les conducteurs qui «exerceraient illégalement la profession de taxi ou de conducteur de VTC», s'exposeraient à des sanctions pénales «d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende pouvant être assorties de peines complémentaires de suspension du permis de conduire pendant cinq ans ainsi que de la confiscation du véhicule» et a précisé que des opérations de contrôle seront menées «avec une particulière vigilance au cours des prochains jours afin de faire respecter le droit».
Les points qui fâchent
La bataille entre les taxis, les VTC et Uber dure maintenant depuis plusieurs mois. Tout avait commencé avec la déclaration de guerre des taxis aux chauffeurs privés qu'ils accusaient de concurrence déloyale. Tout au long de l'année 2014, plusieurs manifestations de chauffeurs de taxi avaient vu le jour dans toute la France. Ainsi, le 15 décembre 2014, une grève des taxis avait rassemblé plusieurs dizaines de chauffeurs en Ile-de-France où ces derniers avaient durant plusieurs heures bloqué l'accès à la capitale pour protester contre la concurrence déloyale des VTC.
Selon les chauffeurs de taxi, plusieurs injustices justifient ce genre d'actions : D'une part, ils voient d'un très mauvais œil le fait que les VTC soient dispensés du paiement d'une licence, alors que, eux, doivent s'acquitter de près de 200 000 euros pour éxercer leur métier.
D'autre part, ils pestent contre la différence de statut entre taxis et VTC qui créé un écart de charge de près de 600 euros par mois, les VTC étant considérés comme auto-entrepreneurs, tandis que les taxis sont assujettis au régime social des indépendants (RSI).
Face à la grogne, l'Etat avait instauré plusieurs mesures telles que l'interdiction faite aux VTC de faire de la maraude.
En avril dernier, un arrêté avait même décidé l'ouverture exclusive aux taxis d'une parcelle de l'autoroute A1 dans le sens Roissy-Paris entre 6h30 et 10h pour leur permettre de gagner quelques précieuses minutes en accommpagnant leurs clients de l'aéroport à la capitale. Mais, ce matin, le tribunal administratif de Montreuil a finalement supprimé l'arreté considérant que les taxis ne devaient pas être privilégiés face aux VTC. Une nouvelle qui a un goût de veangeance pour ces derniers.
Pour Uber, (presque) tout roule
Si l'Etat tente, tant bien que mal, d'instaurer un certain équilibre entre les taxis et les véhicules privés avec chauffeurs, il a décidemment beaucoup de mal à résoudre le problème Uber. Le roi des VTC qui utilise notamment un système très efficace de maraude électronique via son application pour smartphone, très populaire, ne connaît pas la pénurie de clients et bénéficie, malgré ses nombreuses démêlées avec la justice, d'une zone grise dans la législation qui lui permet aujourd'hui de lancer son service UberPop dans 3 nouvelles villes françaises.
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Finalement, en tentant de rééquilibrer la concurrence à coups de restrictions et de réglementations toujours plus nombreuses, l'Etat se voit aujourd'hui contraint de gérer une situation véritablement paradoxale qui aboutit à une violation organisée du droit de propriété. Et le temps que les choses se calment, les clients risquent de se tourner finalement vers les transports en communs.