Otages contre rançons : Snowden met en lumière le double jeu de Londres et Washington avec la France
Selon de nouveaux documents confidentiels diffusés par Le Monde et The Intercept, Londres et Washington mettraient tout en œuvre, en coulisse, pour empêcher la France de payer des rançons, tout en aidant Paris à libérer des otages.
Le journal Le Monde en coopération avec The Intercept a pubilé une lettre ultraconfidentielle obtenue auprès d'Edward Snowden. Diffusée en interne au sein des services secrets techniques britanniques le 29 mars 2009, cette missive met en lumière le double jeu des services de renseignement britanniques (GCHQ) à l’égard de services secrets de pays alliés.
Alors que le GCHQ aide ses partenaires du renseignement français dans la libération d’otages, le document révèle que dans le même temps, il n’hésite pas à espionner la France pour la contraindre à ne pas payer de rançons.
Espionnage : #AirFrance cible privilégiée de la #NSA selon de nouvelles fuites permises par #Snowdenhttps://t.co/1vWvIClhnNpic.twitter.com/R9JXFFa8Xm
— RT France (@RTenfrancais) 7 décembre 2016
«Récentes contributions dignes d’intérêt venant de pays tiers (France et Allemagne), opportunité d’utiliser du renseignement à des fins diplomatiques (empêcher le paiement de rançons pour libérer des otages)», peut-on en effet lire au chapitre «Nouvelles orientations» de la note.
Selon plusieurs autres lettres citées par le journal français, Washington aurait également son rôle à jouer puisque «la plupart des moyens [techniques] sont américains et sont donc soumis à des autorisations de la NSA».
Or, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont rarement caché leur désapprobation quant aux pays qui payent des ravisseurs afin de faire libérer leurs otages.
Ainsi, Londres a soumis un projet de résolution demandant «à tous les Etats membres [du Conseil de sécurité des Nations unies] d’empêcher les terroristes de profiter directement ou indirectement de rançons ou de concessions politiques», projet qui a été adopté le 27 janvier 2014.
Quant au président des Etats-Unis, Barack Obama, il avait déclaré au quotidien américain The New York Times quelques mois plus tard qu’il était irrité de voir le président François Hollande dire que la France ne payait pas de rançon alors que selon lui, elle le faisait. Selon des sources officielles américaines citées par le quotidien, Paris, qui a voté la résolution, aurait payé 51,9 millions d’euros entre 2008 et 2014 pour faire libérer 11 otages.
En 2010, la France avait versé environ 17 millions de dollars pour la libération de quatre otages retenus dans le nord du Mali, avait révélé Vicki Huddleston, ancien ambassadeur des Etats-Unis à Bamako, lors d'un entretien à iTélé.