C’est le député écologiste autrichien Peter Pilz qui a révélé le pot aux roses. C’est lors d’une conférence de presse vendredi 5 juin que le parlementaire autrichien a révélé que les espions américains ont pu écouter 51 lignes téléphoniques françaises, entre 2005 et 2008, grâce à la collaboration du BND, le service allemand du renseignement.
Suite à la divulgation de ces informations, l’eurodéputée Eva Joly a demandé au Parquet de Paris l’ouverture d’une information judiciaire sur «l’étendue des dommages causés aux victimes françaises».
Mais ce document récuépré par Peter Pilz pose autant de questions qu’il n’en résoud : ainsi, on ne connaît pas l’identité des utilisateurs des lignes téléphoniques espionnées. Seul l’opérateur – France Telecom, dans la grande majorité des cas – pourrait fournir ces informations, mais Eva Joly a reçu une fin de non-recevoir de la part du PDG d’Orange, Stéphane Richard. «il m’a répondu que cela ne le concernait pas», a regretté l’ex-candidate écologiste à la présidence de 2012.
Le listing indique par contre des informations géographiques. On apprend ainsi que la majorité des lignes classées «prioritaires» par les espions américains relient la France à des capitales africaines comme N’Djamena (Tchad), Bangui (République centrafricaine) ou encore Conakry (Guinée) et Abidjan (Côte d’Ivoire). «On peut imaginer qu’il s’agit de liaisons institutionnelles ou gouvernementales», conjecture le député autrichien.
En savoir plus : Espionnage américain en Allemagne, Merkel défend la communication de son cabinet
Ces révélations risquent de jeter un pavé dans la mare des relations franco-allemandes. La France se trouve être le second pays le plus espionné par le BND, après les Pays-Bas. Les éléments récoltés par Peter Pilz dévoilent une une vaste coopération entre le BND et la NSA au détriment des autres pays européens. «Seuls l’Estonie, la Lettonie, Malte et la Grande-Bretagne ne sont pas concernés», ajoute Peter Pilz.