Comme un goût de guerre froide : la mort de l'ancien président cubain, Fidel Castro, dans la nuit du vendredi 25 novembre, a révélé les fractures de la classe politique française au sujet de la politique extérieure et intérieure menée par La Havane, depuis la révolution achevée en 1959. La gauche (au sens large), en particulier, se montre divisée sur le bilan à tirer de la carrière politique du défunt président.
Les apologistes
A l'annonce du décès du Fidel Castro, certains hommes politiques de gauche ont exprimé un hommage sans équivoque à la mémoire de l'ex-dirigeant cubain. Ainsi, le secrétaire général du Parti communiste Pierre Laurent salue le souvenir d'un homme «qui toute sa vie a combattu l'impérialisme américain pour la dignité de son peuple».
Membre du parti socialiste, le bouillonnant Gérard Filloche s'est fendu d'une série de tweets louant le rôle historique du Lider Maximo, qui a «libéré son pays» et résisté au «blocus infâme» des Etats-Unis.
Les «Oui, mais...»
A gauche toujours, d'autres voix se sont montrées plus mesurées sur l'héritage politique de Fidel Castro, à commencer par celles venant du sommet de l'Etat. Dans un communiqué, le président de la République a reconnu que le défunt avait été «une figure du XXe siècle», ayant incarné la révolution cubaine «dans les espoirs qu'elle a suscités puis dans les désillusions qu'elle a provoquées». Louant la volonté d'indépendance internationale du Cuba de Castro tout en se montrant critique vis-à-vis de sa politique intérieure, le chef d'Etat a rappelé que «la France, qui dénonçait les atteintes aux droits de l'Homme, avait toujours contesté l'embargo imposé par les Etats-Unis à Cuba».
Dans la même veine, le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a noté, dans un communiqué cité sur Twitter, que l'aventure politique du père de la révolution cubaine avait été marquée par «l'espoir de l'émancipation»... mais aussi par «la déception d'un système qui ne respectait pas les droits de l'Homme».
Jack Lang, similairement, a affirmé que disparaissait avec Fidel Castro «un géant de la politique mondiale», qui «incarnait, aux yeux de militants de gauche [...] l'idéal d'une libération face à ce qu'on appelait l'impérialisme américain», tout en précisant qu'il se montrait très critique au sujet de l'état des droits individuels sur l'île.
Le message ambigu de Jean-Luc Mélenchon
Un bilan ambivalent que semble également dresser le leader du mouvement «France Insoumise», Jean-Luc Mélenchon, qui a livré aux internautes une pièce de lyrisme quelque peu sibylline digne des meilleurs tweets de Christiane Taubira.
Il paraît possible de penser que l'ex-chef du Front du gauche, considérant que «demain était une promesse», juge que les espoirs portés par la Révolution cubaine n'ont pas été satisfaits... Pour autant, celui-ci a tenu à présenter ses condoléances au peuple de Cuba, à l'ambassade à Paris, et a fait savoir sur Twitter qu'un rassemblement «à la mémoire de Fidel» était prévu dans la capitale à 18h.
Les accusateurs
Enfin, d'autres hommes politiques – sans surprise très à droite sur l'échiquier politique – ont dénoncé fermement l'œuvre de l'ex-révolutionnaire et président cubain. N'y allant pas par quatre chemins, le dirigeant du Rassemblement bleu marine (RBM, lié au Front national) Gilbert Collard s'est félicité, sur Twitter, de la disparition d'un «assassin»...
... tandis que Robert Ménard, le maire de Béziers élu avec le soutien du Front national, a adressé «une pensée pour toutes les victimes du dictateur communiste», après la mort de Fidel Castro.