France

Meurtre d'animaux en direct : la France s'y met aussi

Après la polémique qu'avait créé un animateur de radio danois en tuant un lapin en direct à l'antenne, une émission de télé-réalité française a diffusé des séquences qui montrent les candidats abattant des animaux sauvages pour les manger.

La France serait-elle en train de suivre le chemin du Danemark en matière de cruauté envers les animaux ? Après le zoo de Copenhague qui avait tué et dépecé un girafon en public, puis deux mois plus tard, deux lionceaux, après le coup de com' plutôt sordide de l'animateur danois Asger Juhl qui avait tué un bébé lapin de neuf semaines en direct à l'antenne, en France, c'est au tour de l'émission de télé-réalité «The Island - Seuls au monde», de montrer des candidats tuant des animaux sauvages.

En savoir plus : Au Danemark, l'animateur qui a tué un bébé lapin en direct explique son geste

Les candidats de cette émission de «survie» qui étaient «affamés et vidés», commencèrent par trancher la gorge d'un caïman sur une plage avant de le dépecer pour le manger. Plus tard, ce fut au tour d'un cochon sauvage d'être pris dans un filet avant d'être abattu froidement à coups de pierre. Dans un épisode précédent déjà, on voyait les candidats capturer un pélican. Le tout sous l'œil des caméras qui n'en ont pas perdu une miette. 

Il faut dire que les séquences étaient particulièrement violentes. Dans l'une d'elle, on entend par exemple le cochon agoniser en hurlant.

Bien que l'émission n'ait pas manqué de mettre en lumière la «tristesse» qu'éprouvaient les candidats après leur acte et de préciser que «tuer un animal, c'est très dur», de nombreux téléspectateurs se sont dit «très choqués» et les réactions ne se sont pas fait attendre sur les réseaux sociaux. «Lamentable», «cruel», «honteux» sont autant d'adjectifs que l'ont pouvait lire sur Twitter pour qualifier ces mises à mort. 

Selon les internautes qui ont fait déferler une véritable vague d'indignation sur la toile, cette cruauté clairement affichée au grand public aurait du être évitée par la production de la chaîne, d'autant plus que l'émission est largement regardée par des enfants. Certains, néanmoins semblent avoir trouvé un aspect instructif au procédé : 

La manière de tuer, froidement à coups de rochers ou en égorgeant au silex, fait partie des éléments qui ont interpellé les télespectateurs. Ces derniers auraient préféré des méthodes de mise à mort moins «barbares» et par lesquelles les animaux n'auraient pas autant souffert.

Ce n'est pas la première fois qu'une émission de télé-réalité française se voit confrontée à l'ire de téléspecteurs indignés par le meurtre délibéré d'animaux. Lors de la saison 5 de «Koh-Lanta», un candidat avait par exemple capturé une chèvre qui attendait des petits. Il souhaitait alors la sacrifier pour nourrir son «clan», déclenchant une violente polémique. Finalement, le jeune homme s'était ravisé à la tuer.

De nombreux téléspectateurs avaient manifesté leur envie de voire ce genre d'agissement prendre fin et en appelaient même à la justice, scandalisés que le meurtre d'animaux soit utilisé à des fins de divertissement à la télévision.

Cependant, si la quasi-unanimité des personnes éprouve une indignation quant au meurtre d'animaux, tout le monde n'a pas pour autant la même réaction et certains en profitent pour élargir le débat à une problématique plus complexe, celle du traitement infligé aux animaux par la société au quotidien. A l'instar de l'animateur danois, de nombreux défenseurs des animaux évoquent une hypocrisie de la société qui consomme quotidiennement de la viande provenant d'abattoirs. 

Selon Brigitte Gothière, porte parole de l'association «Ethique et animaux L214», si on assiste aujourd'hui à ce genre de «dérives» directement dans les médias, c'est parce les dimensions du problème éthique de la responsabilité de l'Homme envers l'animal ne sont pas prises en compte.

Interrogée par RT, la porte parole évoque une certaine «schizophrénie morale de notre société». Pour elle, refuser de voir un animal se faire maltraiter et tuer alors que quotidiennement «des milliers de morts d'animaux sont provoquées chaque jour dans les conditions atroces des abbatoirs», est «complétement hypocrite».