La plainte, avec constitution de partie civile, a été déposée le 15 novembre auprès du doyen des juges d'instruction, au nom de l'association spécialisée dans la défense de victimes de crimes économiques, Sherpa et de onze anciens employés du groupe en Syrie, afin obtenir l'ouverture d'une information judiciaire.
Cette plainte vise des faits de financement du terrorisme, complicité de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, mise en danger, exploitation abusive du travail et négligence.
C'est après les révélations du Monde en juin, concernant les «troubles arrangements» de Lafarge avec l'organisation djihadiste concernant l'une des cimenteries du groupe en Syrie, que l'ONG Sherpa a décidé de porter plainte.
Selon le quotidien, Lafarge aurait cherché en 2013 et 2014 à garantir l'accès à l'usine de Jalabiya, au nord-est d'Alep, de ses ouvriers et des marchandises alors que plusieurs points de la zone étaient contrôlés par l'Etat islamique (EI), en missionnant un intermédiaire pour obtenir des laissez-passer aux checkpoints.
Pour pouvoir fabriquer le ciment, Lafarge serait aussi passé par des intermédiaires et des négociants qui commercialisaient le pétrole raffiné par l'EI, contre le paiement d'une licence et le versement de taxes, assure Le Monde.
Le cimentier LafargeHolcim, issu de la fusion mi-2015 avec le Suisse Holcim, avait assuré en juin qu'il examinerait les faits révélés par Le Monde, après avoir affirmé que sa priorité absolue avait été la sécurité de ses employés.
En juillet, la mission parlementaire sur les moyens du groupe djihadiste affirmait dans son rapport que rien ne permettait d'établir que Lafarge ait pu «participer directement ou indirectement, ni même de façon passive, au financement de Daesh».