Lundi soir, Jean Roujon, ex-maire de Marvejols en Lozère, a mis fin à ses jours, ne supportant pas de voir son nom sali suite à des révélations sur l’endettement important de la commune dont il avait la charge pendant 19 ans.
La gestion financière d’une commune au quotidien, même de petite taille, relève aujourd’hui du sacerdoce. Les 36 000 communes que compte la France a subi en deux ans une baisse de 3,5 milliards d’euros d’aides de l’Etat. Ce sont au total 6 milliards d’euros d’économies supplémentaires qui sont programmées entre 2014 et 2017.
Le président de l’Association des maires de France (AMF) François Baroin, rencontre jeudi le Premier Ministre Manuel Valls, pour tenter d’obtenir plus de soutien financier de la part de l’Etat.
Pour éviter le pire, les maires ont déjà réduit leurs investissements de 10% depuis l’année dernière. «Ceux-ci pourraient chuter plus massivement», alerte Philippe Laurent, secrétaire général de l’AMF. «Après, c’est le risque de la disparition d’un système de service public local», a-t-il rapporté au Journal du Dimanche.
Certaines communes voient leurs impôts locaux s’envoler, d’autres sont obligées de fermer des établissements publics.
«Nous avons déjà réussi à trouver 2 millions d’euros, en faisant des choix parfois difficiles», indique Jean-Paul Soulbieu, maire adjoint aux finances de Lisieux, dans un entretien à Ouest-France ce lundi 25 mai 2015.
Dans le cas de cette ville normande, une crèche familiale a été fermée et des événements culturels sont passés à la trappe. Afin d’éviter de passer dans le rouge, il manque encore 1 million d’euros à trouver… et de l’aveu même de l’élu, «C’est le dernier million qui est le plus dur».
Ainsi, la fermeture d’une antenne de la mairie est en projet. On parle même de réduire l’éclairage public… Autant de services publics en moins pour le contribuable.
Au-delà du désengagement de l’Etat, il est un autre problème auquel les municipalités doivent faire face. Depuis une dizaine d’années, des communes ont financé leurs investissements en souscrivant des emprunts à taux variable, parfois indexés à une devise étrangère. Alléchants dans un premier temps, les finances de certaines communes se retrouvent aujourd’hui à avoir le couteau sous la gorge, avec des taux d’intérêt de 20%, 30%, voire 40%.
Il est d’ailleurs intéressant de souligner que trois des banques les plus impliquées dans ce scandale des emprunts toxiques sont trois entreprises qui ont été sauvées par leurs Etats : la franco-belge Dexia, la britannique RBS et l'allemande Depfa.
Une centaine de contentieux a déjà été portée devant les tribunaux et cela continue d’être le cas. On apprend par exemple ce mardi que la ville de Digoin en Saône-et-Loire va déposer un recours devant le tribunal de grande instance de Nanterre accusant Dexia d'avoir «manipulé des informations» quant aux taux d'intérêt du prêt contracté par la ville en 2007.
Ces dernières années, de nombreuses équipes municipales ont renégocié non seulement leur prêt, mais ont fait également en sorte de repousser les dates d’échéance à cette année, plus précisement après les élections municipales de mars, léguant ainsi un héritage nocif à leurs successeurs.