France

Sécurité, Europe, terrorisme : le deuxième débat de la primaire de droite s'annonce disputé

Pour la seconde fois, les sept candidats à la primaire de droite et du centre des 20 et 27 novembre se retrouvent sur un plateau télévisé, où ils s’affrontent sur le plan des idées… et de la répartie.

Vendredi 4 novembre

«On risque d’être pollué par le FN […] je vous appelle à un vote antidote», affirme NKM au moment de conclure.

Jean-François Copé utilise lui une référence cinématographique : «Une France décomplexée, c'est une France qui remonte à cheval, comme Zorro.»

Interrogé sur le thème de l'éducation, Jean-François Copé brandit à nouveau l'exemple allemand, tout comme François Fillon.

Ce dernier propose de mettre en place l'uniforme.

Nicolas Sarkozy lui, propose d'envoyer au service militaire obligatoire les jeunes en décrochage scolaire.

Une primaire de la «droite contre le centre» ?

Le journaliste interroge les candidats sur les relations entre la droite et le centre.

Nicolas Sarkozy rappelle qu'il refuse de s'allier avec François Bayrou. «Je suis pour une alliance avec le centre mais un centre qui voudrait gouverner, qui serait avec nous matin, midi et soir», lance-t-il, ce qui n'est pas le cas de Bayrou, assure-t-il.

«François Bayrou est le complice de l'élection de François Hollande», accuse Bruno Le Maire, rejetant lui aussi le centriste.

Le débat vire à la question du Front national.

En cas de présence de Marine Le Pen au second tour de l'élection, «voteriez-vous pour elle», demande le journaliste à Jean-Frédéric Poisson, qui répond que «non».

Il ajoute qu'il n'envisage aucune alliance électorale avec le FN, même s'il refuse de rejeter toutes les positions de Marine Le Pen, notamment sur la question de l'Union européenne, au motif qu'elle a l'étiquette FN.

«L'extrême-droite est notre ennemi», assure NKM qui se dit «contre le ni-ni» et en faveur du Front républicain.

Nicolas Sarkozy se dit lui «opposé au Front républicain» et assure ne vouloir «ni les socialistes, ni le Front national». «Je n'accepterai jamais que madame Le Pen s'installe dans le fauteuil de président de la République», conclut-il.

«Je ne voterai jamais Marine Le Pen parce qu'elle mènera le pays à la catastrophe», renchérit Fillon. Il rejoint la position de Nicolas Sarkozy, assurant que «le Front républicain ferait du Front national le seul parti d'alternance».

De son côté, Copé assure : «La droite française s'honorera toujours de ne jamais faire d'alliance avec l'extrême-droite.»

Jeudi 3 novembre

Daesh et le djihadisme au menu

La journaliste Ruth Elkrief aborde la problématique du terrorisme.

«Face à une menace d'exception, il faut une justice d'exception» juge Bruno Le Maire, qui invite à élargir la capacité des autorités d'interpeller de manière «préventive» des individus s'apprêtant à commettre des actes terroristes. La priorité absolue pour François Hollande aurait dû être de mettre en place une coalition véritablement internationale contre Daesh. «Elle est où cette coalition internationale ?», interroge le candidat.

Les frontières de la zone Schengen ne sont pas correctement contrôlées, souligne Alain Juppé, qui n'exclut pas de rétablir le contrôle aux frontières internes.

Quant à la lutte contre Daesh au Moyen-Orient, il estime que c'est aux pays de la région de prendre leurs responsabilités. «Déployer des troupes au sol en Syrie serait irresponsable de la part de la France», ajoute-t-il, malgré les protestations de Le Maire, qui lui rappelle le cas de la Libye.

Pour Nicolas Sarkozy, les djihadistes revenant en France doivent être déchus de leur nationalité puis envoyés en prison, avant d'être redirigés vers des centres de dé-radicalisation.

Pour François Fillon, nous sommes «face à un phénomène totalitaire». «Face à ces forces il faut une coalition mondiale, s'allier avec les Russes» afin de combattre les djihadistes, souligne-t-il.

NKM rappelle sa proposition : «mettre hors la loi le salafisme». Elle veut également booster le budget de l'armée. La candidate s'insurge ensuite contre le liens entre les hommes politiques français et des pays comme le Qatar.

«Vous parlez de Bruno Le Maire», lui demande la journaliste ce à quoi l'intéressé répond : «J'ai rendu la montre qui ma été offerte par l'Emir du Qatar. La montre que je porte m'a été offerte par ma femme et pas par l'Emir du Qatar.»

La paranthèse fermée, NKM dénonce le gouvernement qui fait la «danse du ventre devant l'Arabie saoudite».

Nicolas Sarkozy, lui, appelle à discuter avec tout le monde, appelant à une «grande conférence internationale avec Poutine, avec Téhéran et avec l'Arabie saoudite» pour rétablir la paix dans la région. 

«La France de François Hollande a fait une grosse erreur d'avoir choisi les sunnites de l'Arabie saoudite et non pas les chiites de l'Iran», a-t-il ajouté.

Jean-Frédéric Poisson rappelle qu'il s'est rendu en Syrie pour y rencontrer le président Bachar el-Assad «pour se rendre compte par soi-même».

«Si Bachar el-Assad quitte damas, ce sont les djihadistes qui vont s'en emparer», lance Poisson, avant d'affirmer : «Al-Qaïda est la seule opposition à Damas.»

Pour Copé, la «priorité absolue» est d'éliminer Daesh et pour ce faire, il faut s'allier avec les «ennemis de nos ennemis». «En allant en Libye, on a rompu un contrat de confiance avec la Russie».

Fillon rappelle que «l'Arabie saoudite a une responsabilité dans la montée» du terrorisme, en raison notamment des prêcheurs sur place qui véhiculent un «mouvement totalitaire». Il en appelle à discuter plus «fermement» avec Riyad du wahhabisme et de la montée de l'intégrisme.

Passant sur l'Islam, le candidat s'oppose à un «financement public pour les musulmans», au motif que cela ne se fait pas pour les autres cultes.

Jean-Frédéric Poisson propose de remettre en place un «service national qui sera militaire pour partie» en France, obligatoire pour les garçons et les filles.

Comme NKM plus tôt, Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé s'empressent de rappeler qu'ils ont eux-mêmes fait leur service militaire.

«Ce serait bien de ne pas attendre 18 ans» pour apprendre l'autorité et l'apprentissage du respect aux jeunes, estime pour sa part François Fillon, qui ne défend pas la proposition de Jean-Frédéric Poisson. Il met en avant la problématique de l'éducation, liée selon lui à la question des quartiers.

Tous pour la présomption de légitime défense des policiers

C'est au tour du sujet de la délinquance d'arriver sur la table. «Saurez-vous éviter de nouveaux Viry-Châtillon», demande la journaliste, en référence à l'agression au cocktails Molotov de quatre agents de police.

«Je veux une présomption de légitime défense», demande Nicolas Sarkozy qui assure que les policiers «doivent pouvoir faire usage de leur arme à feu [...] s'ils pensent que leur vie est en danger». Le fait qu'un délinquant sorte son arme justifie que le policier puisse utiliser son arme à feu, même si le premier n'a pas tiré. Il ajoute que «la peur doit changer de camp».

Le bilan de Sarkozy est à nouveau attaqué. Sous ce-dernier, les effectifs policiers ont été abaissé et la gauche n'a pas été ensuite en mesure d'augmenter les effectifs policiers, remarque Copé, qui préconise 50 000 nouveaux postes de policiers. «Il faut un virage sécuritaire», conclut-il.

L'ex-président se défend, assurant qu'il fallait sauver la France de la crise financière.

Ramener le problème de la délinquance au nombre d'effectifs est «une impasse», estime pour sa part François Fillon, qui indique que la proposition de Copé est irréalisable.

Si «la Convention européenne des Droits de l'homme» empêche la France de modifier les règles de légitime défense, alors il faut la modifier, lance Alain Juppé. François Fillon propose lui de sortir de cette convention.

Le maire de Bordeaux propose de durcir les peines, de créer 10 000 places de prison et de recruter davantage de magistrats.

Bruno Le Maire est sur la même ligne et envisage une ligne judiciaire plus stricte. Comme les autres candidats, il se montre en faveur de l'assouplissement de la règle de légitime défense pour les policiers.

Citant le Royaume-Uni et l'Allemagne comme exemples, François Fillon assure que ces pays, qui ont moins de policiers par habitants que la France, n'ont pas ce problème. Il rappelle alors qu'en France, on travaille 35 heures par semaine.

NKM met en avant son passé en déclarant : «Je n'ai pas passé mon service militaire à balayer la caserne. Je sais quand un gendarme peut tirer.»

A l'image du vif échange entre Nathalie Kosciusko-Morizet et Nicolas Sarkozy, ce second débat se révèle plus dynamique que le premier. Les candidats, plus détendus, n'hésitent pas à allier les piques personnelles à l'humour.

La personne de Nicolas Sarkozy, ancien chef de l'Etat, est le centre de nombreuses remarques sur son bilan et a été ciblé par plusieurs candidats. Celui-ci a lui aussi mis en avant son expérience en temps que président de la République. Plusieurs candidats se sont vus demander pourquoi ils se présentaient contre Nicolas Sarkozy après avoir fait partie de son gouvernement.

Jean-François Copé compare la France de 1958 à celle d'aujourd'hui, qui «va mal pour d'autres raisons». Dans la foulée, il annonce vouloir proposer 15 décisions par ordonnance.

Poisson propose d'assouplir les modalités permettant de lancer un référendum d’initiative populaire pour permettre aux Français de prendre davantage part au débat politique.

Dans la foulée, un échange vif entre Sarkozy et NKM s'en suit. L'ancienne secrétaire d'État à l'Écologie accuse l'ancien président de «dénigrer le Grenelle de l'environnement», conclu sous son mandat. Celui-ci assure pour sa part que s'il était réélu, NKM «se ferait violence» pour faire à nouveau partie du gouvernement. Celle-ci refuse.

«Nous sommes dans un cadre européen extrêmement contraignant qui ne nous permet pas d’avoir les mains complétement libres», rappelle Jean-Frédéric Poisson, avant d'ajouter que Bruxelles «prive» la France de sa «souveraineté judiciaire». Pour le président du parti chrétien démocrate, il s'agit de «sortir de la tutelle» de la Cour européenne des Droits de l'homme.

Nicolas Sarkozy s'attaque à Bruno Le Maire en lui lançant : «Commence déjà par essayer d'être élu, tu verras que c'est difficile». Ce dernier avait reproché à certains candidats à la primaire d'avoir promis, dans le passé, de ne plus se représenter.

«Si être battu était rédhibitoire, Mitterrand et Chirac n'auraient pas été présidents», se défend Nicolas Sarkozy.

«Un point sur lequel tu es fort Nicolas, c'est que les échecs forment beaucoup plus que les victoires», lance Copé à Sarkozy, déclenchant des rires dans l'assemblée.

Le second thème de la soirée porte sur la présidence que proposent les candidats pour 2017.

Pour Bruno Le Maire, un président doit avant tout être «honnête vis-à-vis de son électorat». Par ailleurs, si les candidats à la primaire de droite avaient tenu leurs promesses, «nous serions moins nombreux sur ce plateau», lance-t-il en rappelant que certains avaient promis de ne plus se représenter.

Citant l'exemple d'Angela Merkel «à la tête de l'Union européenne», il assure ensuite que la France aussi, a besoin d'un homme politique stable.

NKM assure de son côté que les Français ne doivent pas uniquement pouvoir donner leur avis «une fois tous les cinq ans».

Alain Juppé rappelle qu'il se présente lui «contre le FN et contre le président sortant, qui a abîmé la fonction présidentielle».

«François Hollande a abaissé la fonction présidentielle. Je serai le contraire» de celui-ci, ajoute François Fillon qui assure qu'il se montrera «intraitable» face aux ennemis de la souveraineté française.

Nicolas Sarkozy, revient sur son bilan et assure connaître la «lourdeur» et la difficulté de la fonction, notamment lorsqu'il s'agit d'envoyer de jeunes Français «risquer leur vie». «Je veux être le président de la décision face au président de l'impuissance», lance-t-il dans une attaque à peine voilée face à François Hollande.

Jean-François Copé, qui en appelle à mettre en place une «droite décomplexée» commet un lapsus qui fait rire les autres candidats ; il vient de déclarer que le gouvernement avait besoin de ministres de gauche. Les réactions sur Twitter n'ont pas tardé.

Jean-Frédéric Poisson souligne lui la nécessité de remettre en cause l'Union européenne.

Le débat débute sur le thème des migrants.

Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien démocrate est le premier à répondre. «La France est incapable d'accueillir décemment les migrants», indique-t-il, précisant qu’il faut trouver un équilibre entre la générosité des Français, sans toutefois forcer les communes à les recevoir.

Jean-François Copé s'exprime à son tour. Selon lui, «la France est dans l'incapacité d’avoir une politique de droit d’asile claire». Il ajoute que Paris doit répondre plus rapidement aux demandes d'asile.

Pour NKM, il faut faire la différence entre les réfugiés et les migrants économiques. Alors que l'accueil des premiers est légitime en raison de l'histoire de France, selon elle, les seconds ne peuvent, eux, être accueillis. 

François Fillon estime pour sa part que les frontières européennes doivent à nouveau fonctionner, ce qui n'est pas le cas actuellement. «Il faut qu'on passe deux heures pour franchir la frontière française» comme c’est le cas aux Etats-Unis, affirme-t-il.

Nicolas Sarkozy lui évoque la situation des migrants à Paris : «3 000 personnes sous le métro de Stalingrad à Paris c'est inacceptable».

Enfin, Bruno Le Maire, rappelle l'importance du rôle de la Grande-Bretagne, qui doit selon lui «prendre ses responsabilités».

Après un premier round qui s’est déroulé le 13 octobre sur TF1, les sept candidats de droite (Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire et Jean-Frédéric Poisson) se retrouvent une nouvelle fois pour débattre, cette fois sur BFMTV, i-Télé et RMC.

L’enjeu sera de convaincre les téléspectateurs et les Français à quelques semaines de la primaire de droite et à quelques mois du premier tour de l’élection présidentielle.

A l’issue du premier débat de droite, c’est Alain Juppé, le maire de Bordeaux, qui était sorti vainqueur.

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