France

Les grandes conférences internationales de Paris: toutes des échecs ?

Alors que se réunissent mardi à Paris tous les pays membres de la coalition anti-Daesh, retour sur les grandes conférences internationales de ces dernières années, où la France , chef d'orchestre, a obtenu des résultats plutôt mitigés.

«Concernant le soutien à l'Irak, il y a beaucoup de mots, mais peu d'actions sur le terrain» a tancé ce mardi le Premier ministre irakien, Al-Abadi, lors d'une conférence de presse qui se déroulait juste avant l'ouverture de la réunion de la coalition internationale.

Une vingtaine de pays et d'organisations internationales se retrouvent à Paris, sous l'égide du ministre des Affaires Etrangères, Laurent Fabius, pour ré-évaluer leur stratégie de lutte contre Daesh, qui contrôle aujourd'hui de vastes zones en Irak et en Syrie et ne cesse de gagner du terrain. L'Etat Islamique a ainsi conquis ces derniers jours deux villes symboliques: Ramadi (Irak) et Palmyre (Syrie).

Si depuis plusieurs années, la France fait preuve d'un réel activisme sur le front diplomatique au Moyen-Orient (Libye, Syrie, Irak, etc.) les résultats obtenus sont plutôt décevants.

1er septembre 2011: «la Conférence internationale de soutien à la Libye nouvelle»

A cette époque, le président français, Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique, David Cameron, sont à la manoeuvre. Ils réunissent 60 délégations internationales à Paris, autour des représentants du Conseil national de transition (CNT) qui mènent la rébellion en Libye.

Le principal résultat de cette grande conférence sera le déblocage immédiat de 15 milliards de dollars d'avoirs gelés, pour aider le CNT à accomplir une transition politique.

«L'argent détourné par M. Kadhafi et ses proches doit revenir aux Libyens. Nous nous sommes tous engagés à débloquer l'argent de la Libye d'hier pour financer le développement de la Libye aujourd'hui», déclarait Nicolas Sarkozy. Dans le même temps l'OTAN, la France et la Grande-Bretagne décidaient de poursuivre leurs raids aériens tant que Mouammar Kadhafi serait une menace.

 Le 12 février 2013: La Libye encore...

A l'issue de cette conférence sagement intitulée «Réunion internationale de soutien à la Libye dans les domaines de la sécurité, de la justice et de l’Etat de droit», il y aura beaucoup moins d'envolées lyriques de la part des dirigeants internationaux. La dégradation de la situation politique, sécuritaire et humanitaire en Libye a en effet douché les enthousiasmes de 2011.

Dans le compte-rendu, disponible sur le site du ministère des Affaires étrangères, on peut ainsi lire: «Les participants à la Conférence sont cependant convenus qu’il est nécessaire que la Libye et ses partenaires agissent immédiatement, de manière visible et concrète, pour remédier en priorité aux problèmes dans le domaine de la sécurité et de la justice qui sont susceptibles de compromettre les mesures prises récemment par la Libye pour assurer une transition démocratique couronnée de succès et un avenir prospère».

Le 15 septembre 2014: L'Irak...la coalition anti-Daesh est créée !

Une trentaine de pays se réunissent au Quai d'Orsay, à Paris, pour cette grande conférence sur la paix et la sécurité en Irak.

Elle sera présidée par François Hollande qui est à l'intiative de cette rencontre.

A l'issue de la réunion, il est décidé d'aider les Irakiens, qui combattent Daesh sur leur sol, en leur fournissant un soutien militaire.

Des instructeurs sont envoyés pour former les soldats irakiens et des raids aériens sont lancés par la coalition (plus de 4000 en 9 mois) pour faire reculer les jihadistes. Mais sans succès jusqu'ici.

«Je pense que c'est un échec de la communauté internationale», dénonçait mardi matin le Premier ministre irakien Al-Abadi, qui rappelle que 60% des combattants de Daesh sont maintenant étrangers.