France

Les annonces de Bernard Cazeneuve peinent à convaincre les policiers, qui continuent de manifester

Mercredi 26 octobre, Bernard Cazeneuve a annoncé le déblocage d'une enveloppe de 250 millions d'euros pour les policiers. Si les syndicats estiment avoir été «entendus», plusieurs manifestations ont tout de même eu lieu le soir même.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé hier, mercredi 26 octobre, une série de mesures, dans l'espoir de satisfaire les revendications d'un mouvement qui semble dépasser jusqu'aux syndicats traditionnels.

La plus symbolique est sans doute le déblocage d'une enveloppe de 250 millions d'euros en faveur de la sécurité publique. Dans le détail, celle-ci prévoit la livraison de nouveau matériel, dont des casques, des boucliers pare-balles, des fusils ou encore des gilets capables de faire face aux tirs de Kalachnikov.

La vétusté des équipements était en effet une préoccupation récurrente des policiers, notamment en ce qui concerne le parc automobile. Le gouvernement a annoncé que celui-ci serait, aussi, renouvelé. La réfection des commissariats et casernes de gendarmerie en état de délabrement est également prévue.

Bernard Cazeneuve a aussi décidé de l'alignement des sanctions pour outrages à l'encontre des forces de l'ordre sur celles pour outrages aux magistrats : de six mois encourus, la peine passera ainsi à un an.

Enfin, annonce la plus attendue mais dont les contours n'ont pas été précisés : les ministères de la Justice et de l'Intérieur vont proposer, d'ici la fin du mois de novembre, une réforme de la loi tenant compte des «conditions d'évolution de la légitime défense». Les policiers réclamaient en effet l'assouplissement des règles encadrant cette dernière.

Les syndicats s'estiment «entendus», mais les policiers continuent à manifester

Les annonces du ministère de l'Intérieur semblent avoir donné une relative satisfaction aux syndicats policiers. Yves Lefebvre, secrétaire général d'Unité SGP Police, a évoqué des mesures «très fortes». Jean-Claude Delage, secrétaire général d'Alliance, le plus grand syndicat de gardiens de la paix, a reconnu «une avancée importante». Alliance s'est par ailleurs félicité d'avoir «porté au plus haut niveau de l'Etat les revendications des policiers».

Un soulagement pour les organisations syndicales, qui commençaient à perdre de l'influence sur les manifestations de policiers dont certains se revendiquaient «hors syndicats»?

Ces derniers, de leur côté, ont réagi avec un enthousiasme plus modéré aux annonces de Bernard Cazeneuve. Laurent-Franck, avocat spécialiste des questions de légitime défense choisi comme représentant par les policiers qui manifestaient sans affiliation syndicale, a exigé la «concrétisation de ces moyens» . Il a également précisé que ces annonces «ne répond[aient] pas à toutes les revendications de la base».

Les mobilisations se sont d'ailleurs poursuivies dans la soiée du mercredi 26 octobre partout en France. Entre l'Hôtel de Ville et la place Castellane, à Marseille, plusieurs centaines de policiers accompagnés par leurs véhicules, sirènes allumées, ont à nouveau protesté. A Lyon, ils ont été une centaine à se réunir peu avant 23h, avant d'être rejoints par les pompiers, venus leur apporter leur soutien.

Des manifestations ont également eu lieu au Mans, à Nancy, à Strasbourg, à Nice, à Nantes et dans de nombreuses autres villes, rassemblant à chaque fois plusieurs centaines de policiers, qui ne semblaient pas convaincus par les annonces du ministère de l'Intérieur.