France

Le secrétaire d'Etat Le Guen accusé d'avoir voulu se vendre au Qatar pour faire taire les élus PS

Une enquête de George Malbrunot et Christian Chesnot, dont les bonnes feuilles sont publiées par le Point, met en lumière les relations troubles entre politiques de tous bords et le Qatar. Jean-Marie Le Guen est gravement mis en cause.

Acheter un politique français, combien ça coûte ? C'est à cette épineuse question que se sont intéressés les deux journalistes George Malbrunot et Christian Chesnot dans leur ouvrage Nos très chers émirs, paru le 20 octobre.

Ainsi, pour le secrétaire d'Etat Jean-Marie Le Guen, la somme de 10 000 euros par mois serait suffisante pour s'assurer que les députés et sénateurs de la majorité socialistes, ainsi que les autres membres du gouvernement, se gardent de toute remarque négative concernant le Qatar. Ces révélations, explosives pour un représentant du gouvernement en exercice, émanent de responsables qataris.

«Il nous faisait régulièrement du chantage», affirme un représentant de Doha, citant les propos attribués à Jean-Marie Le Guen aux diplomates qataris à Paris : «En tant que ministre chargé des Relations avec le Parlement, je tiens tous les députés et sénateurs de mon camp, via les questions au gouvernement. Je peux bloquer des questions hostiles au Qatar ou au contraire les alimenter. Mais je n'ai pas à le faire gratuitement».

Les auteurs du livre décrivent la campagne de «forcing» du secrétaire d'Etat pour rencontrer l'ambassadeur du Qatar en France, Meshaal al-Thani. Cette campagne se serait étendue sur un an et aurait été rythmée de nombreux SMS, dont certains auraient eu une tournure menaçante. L'un de ces messages, joint à un article de presse faisant état de l'influence du secrétaire d'Etat au sein du gouvernement, aurait été : «Notre ami Meshaal devrait lire cet article et comprendre le poids de Le Guen et se dépêcher de nous caler un rendez-vous».

Embarrassé, l'ambassadeur aurait accepté de déjeuner avec Jean-Marie Le Guen, qui lui aurait proposé les services d'une agence de communication dirigée par un proche, Alexandre Medvedowsky, afin de «protéger» le Qatar «à l'Assemblée Nationale et au Sénat». Jean-Marie Le Guen espérait recevoir 10 000 euros par mois de la société en échange de ce juteux contrat. Mais Doha ne donnera jamais suite.

Jean-Marie Le Guen a vivement réagit en qualifiant les accusations des deux auteurs du livre d'«allégations délirantes» et de prévenir, via Twitter : «Evidemment, je porte plainte en diffamation et poursuivrai également tous [sic] les personnes qui reprendraient ces propos mensongers».

Lire aussi : Paris : un hôtel de luxe payera 57 000 euros à une femme de chambre agressée par un Qatarien