France

Entre surprise et colère, les manifestations de policiers enflamment le paysage politique

Alors que les policiers ont à nouveau manifesté un peu partout en France dans la nuit du 18 au 19 octobre, les réactions politiques se multiplient, entre déclarations de soutien et accusations de récupération politique.

Evry, Paris, Nice, Marseille, Nantes, Sète, Narbonne ou encore Montargis. Dans la nuit du 18 au 19 octobre, la France a, à nouveau, vibré au son de la colère des policiers. Depuis la terrible agression qui a vu plusieurs agents des forces de l’ordre attaqués à coups de cocktails molotov le 8 octobre à Viry-Châtillon, les représentants de l'ordre ont décidé de sortir du silence et expriment haut et fort leur ras-le-bol. Ils demandent de meilleures conditions de travail et plus de sécurité.

A quelques mois de l’élection présidentielle, ces revendications représentent une opportunité pour les femmes et hommes politiques de s’exprimer. Alors que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve recevait les syndicats ce 19 octobre à 16h30, les saillies politiques s’enchaînent sur les réseaux sociaux.

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Jean-Christophe Cambadélis accuse le FN, Marion Maréchal Le Pen veut la tête du directeur de la police nationale

Comme on pouvait s’y attendre, la grogne des policiers est un terrain propice à l’affrontement des différentes forces politiques de l'Hexagone. Lors d’un point-presse au siège du Parti socialiste (PS) à Paris le 19 octobre, le Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis a dénoncé la «patte» du Front national dans les manifestations de policiers. Evoquant le cortège de voitures de police qui a défilé «en haut des Champs-Elysées» il s'est dit «pour le moins surpris» de voir «des policiers, chargés de faire respecter l'ordre, être eux-mêmes facteurs de désordre.»

Une attaque envers le comportement des forces de l’ordre qui se rapproche de la position du patron de la police nationale, Jean-Marc Falcone. S’il a dit «comprendre» le malaise de ses hommes, il a tenu à se montrer ferme au micro de RTL le 19 octobre : «Ce qu'il s'est passé sur Paris il y a deux jours, c'est l'utilisation de véhicules et de moyens de la police nationale pendant les heures de service et ça, ce n'est pas normal. Ce qui a entraîné la saisine de l'IGPN qui va auditer et enquêter sur ce sujet-là.»

Du côté du Front national (FN), on adopte la stratégie du soutien total. Marion-Maréchal Le Pen, a tout simplement appelé Jean-Marc Falcone à démissionner sur Twitter.

Chez Les Républicains, François Fillon s’est placé dans une position médiane. Il s’est fendu d’un communiqué de presse qu’il a diffusé le 19 octobre. S’il relève que la manifestation sur les Champs Elysées est «contraire» au statut des policiers et à «leur obligation de réserve», il appelle à réformer «de fond en comble» le système de sécurité français «au lendemain de l’élection présidentielle». Le candidat estime en effet que ledit système est «à bout de souffle».

Du côté de la presse, la colère des policiers fait aussi réagir. Ivan Rioufol, éditorialiste pour Le Figaro a ainsi publié un article à ce sujet sur son blog. «La police ne peut être laissée en première ligne, seule et désarmée, dans la guerre urbaine qui lui est menée», souligne-t-il. Il rappelle que le syndicat de police Unité-Police SGP-FO a appelé à manifester le 26 octobre pour une «marche de la colère policière et citoyenne». Cette marche devrait être organisée partout en France.