Les images sont rares et impressionnantes. Des centaines de véhicules de police défilant sur «la plus belle avenue du monde», gyrophares allumés et sirènes déchirant le calme d’une nuit de semaine. Malgré des menaces claires de la part de leur hiérarchie, les policiers ont voulu pousser un coup de gueule collectif. L’attaque à coup de cocktails molotov qui a frappé plusieurs de leurs collègues le 8 octobre à Viry-Châtillon a entraîné un mouvement inédit au sein des forces de l’ordre.
L'impressionnante manifestation n'a pas laissé la presse étrangère indifférente. Du côté d'Il Nord Quotidiano, la rédaction transalpine n'hésite pas à parler de «révolte». Selon le média italien, le «très grave» incident de Viry-Châtillon, a été le «fusible» qui a déclenché la «colère» de la police française.
La version française du site internet américain The Local évoque une police «stressée» et rappelle les propos d'un manifestant qui affirme que sa femme «a peur pour lui» quand il se rend au travail.
C'est du Royaume-Uni que l'analyse la alarmiste est venue. The Daily Mail n'a pas hésité à parler de «chaos» provoqué par les policiers sur les Champs Elysées, en soulignant que la manifestation n'avait pas été autorisée.
Multiples réactions en France
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a vivement réagi à cette démonstration improvisée. «Défiler avec des voitures de police et des gyrophares [...] n'est pas conforme à ce qu'est la déontologie de la police dans la République», a-t-il déclaré au Sénat le 18 octobre. «Ils manifestent une exaspération que je comprends», a-t-il toutefois ajouté.
«On peut comprendre le ras-le-bol des policiers qui exercent dans ces quartiers et ne voient pas depuis des années les décisions politiques faire changer la situation sur le terrain», a réagi Christophe Rouget du syndicat SCSI.
Le Premier ministre Manuel Valls a quant à lui réaffirmé le soutien du gouvernement abondamment exprimé après l'attaque de Viry-Châtillon et promis de «poursuivre sans relâche ceux qui s'en prennent à nos professeurs, nos écoles, nos forces de l'ordre» après une série d'agressions, principalement en banlieue parisienne.
Les chefs de file des députés Les Républicains et UDI, Christian Jacob et Philippe Vigier, ont estimé que la manifestation était un signe de «ras-le-bol» et de «désespoir», l'élu centriste évoquant une société «au bord de l'embrasement».
Le Front national a également apporté son «total soutien» aux policiers qui ont manifesté durant la nuit.
La «police des polices» (IGPN) va enquêter sur «les manquements individuels aux règles statutaires», a annoncé pour sa part le directeur général de la police nationale Jean-Marc Falcone. Les manifestants «fragilisent la police nationale» ainsi que «chaque policier», a-t-il asséné.
L'agression du 8 octobre a fait quatre blessés dont deux graves chez les policiers. L'un d'entre eux est notamment maintenu dans un coma artificiel après avoir été gravement brûlé aux mains et au visage.