France

Passeur de migrants : «On vous propose 4 000 euros par voyage. Vous faites quoi ?»

La dernière étape des migrants qui veulent rejoindre l’Angleterre, c’est la ville française de Calais. Au moins trois milles réfugiés quittent chaque année la France à destination du Royaume-Uni. Mais qui les aide ?

Des camions remplis des migrants passent de nombreuses heures dans des embouteillages où l’on constate deux problèmes : le danger de mort pour ceux qui sont transportés dans des conditions inhumaines et le danger de la prison pour ceux qui les transportent dans de telles conditions.

Les migrants qui espèrent trouver une vie meilleure sont prêts à payer des sommes énormes de 400 à 1 000 euroset à passer de longues heures dans des camions sans ventilation. De plus, on y vaporise souvent des désodorisants en grande quantité qui menacent la santé des individus pour dissimuler l’odeur humaine et faire en sorte que les chiens policiers ne les détectent pas. Tout ça engendre un nombre très important d’accidents mortels. 

Les passeurs sont aussi prêts à risquer leur liberté pour gagner de l’argent compte tenu de la situation économique difficile que connaît la France. Le propriétaire d’un bar qui voulait rester inconnu a déclaré dans un interview à RT que la seule raison qui l’avait poussé à devenir un passeur était le manque d’argent. Une organisation criminelle lui a proposé 4 000 euros pour un voyage. Pour lui, c’est une somme attirante.

«Imaginez-vous, vous n’avez pas de travail. On vous propose 4 000 euros par voyage. Vous faîtes quoi ? Si vous en avez besoin, vous faîtes quoi ? Vous faîtes comme tout le monde», a-t-il précisé.

Compte tenu de la situation économique difficile, des passeurs potentiels ne voient aucun problème à entamer cette activité.

«Vous ne voyez pas les problèmes d’un seul coup, vous voyez plutôt l’argent, vous ne voyez pas de problèmes. Une fois qu’on l’a fait, on y réfléchit. On voit comment ça se passe. Vous comprenez que vous vous êtes trompés. Vous voyez que c’est facile, ça se passe, ça se passe», a fait savoir ce propriétaire de bar.

Mais tous les passeurs ne sont pas devenus criminels de leur propre gré. Dans une interview avec RT, l’avocate Emmanuelle Osmant a expliqué qu’en France, on voyait que des organisations mafieuses embauchaient des passeurs en menaçant leur famille de mort.

Les représentants de ces organisations criminelles gagnent la confiance de leurs victimes et après quelque temps, ils ne leur laissent pas le choix car, chez eux, la différence entre le bien et le mal s’est complètement effacée.

«C’est pas seulement une personne qui vous propose, c’est toute l’organisation mafieuse qui est derrière. C’est une organisation qui brasse des millions d’euros chaque année. Ils sont armés, on a retrouvé des fusils Kalachnikov, des fusils à pompe. Ils n’ont pas du tout de la même notion du bien et du mal que nous. On n’a pas la même relation à la vie et à la mort. Il y a des menaces qui sont effectuées sur votre intégrité physique et également des menaces sur votre famille», a ajouté l’avocate.

De plus, l’avocate estime également que la majorité de la population française, et notamment de la ville Boulogne-sur-Mer, n’est pas au courant des dangers auxquels ils s’exposent en entrant dans ce trafic.

«Un bon nombre de Français ne connaissent pas les risques judicaires qu’ils encourent», souligne encore Emmanuelle Osmant.

En France, la législation actuelle prévoit de dix mois à six ans de prison ferme et une lourde amende à payer pour ce type de délit. Mais certaines personnes préfèrent prendre ces risques plutôt que de mettre en péril la sécurité de leur famille.