La lutte contre le terrorisme et la question des fichés S divise
Jean-Frédéric Poisson (Parti chrétien démocrate) s'est dit opposé à l'internement des personnes fichées S «quel que soit le motif».
Ses propos ont été appuyés par Alain Juppé qui a expliqué : «Dans de nombreux cas, on a intérêt à laisser en circulation les fichés S.» Le maire de Bordeaux est opposé à un Guantanamo à la française, et propose d'interner dans des camps de rétention les fichés S les plus dangereux : «J’essaye d’écouter les professionnels sur cette question. Dans de nombreux cas, on a intérêt à les laisser en circulation pour remonter les filières», a déclaré Alain Juppé.
Pourtant, son principal rival Nicolas Sarkozy, véritablement contre cette idée a proposé «un internement préventif des fichés S les plus dangereux» :
«La question aujourd'hui n'est pas de savoir s'il y aura un prochain attentat mais quand. Je propose un internement préventif des fichés S les plus dangereux. Sur ces 12 000 [personnes fichées S en France], y en a quelques centaines qui sont plus dangereuses que les autres», a martelé l'ex-chef de l'Etat.
Faut-il coopérer avec la Russie en Syrie ?
La question de l'appui de l'aviation russe aux troupes pro-gouvernementales en Syrie a suscité un désaccord profond entre Alain Juppé et François Fillon qui ont présenté des visions totalement différentes de la question.
Nous devons créer une coalition mondiale avec les Russes et les Iraniens
Devant l'auditoire, le maire de Bordeaux a affirmé : «Il faut parler avec Poutine et le mettre devant ses responsabilités» sur la question de la Syrie. «Il faut lui demander quelle est sa solution pour la Syrie. Si sa réponse est de rétablir Bachar el-Assad, ce n’est pas possible. Cela ne rétablira pas la paix.»
Une déclaration à laquelle François Fillon a immédiatement rétorqué :
«Nous devons créer une coalition mondiale avec les Russes et les Iraniens [...] avec ceux qui veulent nous aider».
Quant à ses accointances supposées avec la Russie, François Fillon explique : «C’est la guerre. Il y a deux camps en Syrie : ceux qui veulent mettre en place ce régime totalitaire de l’Etat islamique et les autres. Moi je choisis les autres. C’est pour cela que je prône le fait de s’allier à des personnes que nous n’aimons pas ou dont nous ne partageons pas l'idéologie.»
L'Islam en France, autre facteur de discorde
La deuxième religion de France a également été au cœur du débat.
Parmi l'ensemble des candidats, Jean-Frédéric Poisson (Parti Chrétien-Démocrate) n'y est pas allé par quatre chemins sur la question :
En effet, pour le candidat : «la civilisation islamique pose problème à la République française car elle pose des questions incompatibles.»
«Traiter les condamnés en les amputant d'une main ou d'un pied dans certains pays musulmans, ça n'existe pas chez nous. Je n'ai pas de problème avec les musulmans mais avec l'islam. Sur le salafisme, je ne sais pas comment on peut interdire une idée. J'attends des musulmans de France qu'ils participent eux-mêmes à moderniser une religion qui est la leur», a affirmé le candidat du Parti Chrétien Démocrate.
De son côté, François Fillon a martelé que l'intégrisme posait une problème à la laïcité, tandis que Nathalie Kosciusko-Morizet a carrément émis l'idée d'interdire le salafisme en le classant hors-la-loi.
Immigration : tous les moyens sont-ils bons ?
La question du regroupement familial est également venue nourrir le débat de la primaire de droite :
Ainsi, à propos de cette question sensible, Nicolas Sarkozy s'est prononcé en faveur d'une suspension pure et simple du regroupement familial :
«Je veux une suspension du regroupement familial [...], mais aussi une modification de l'article 8 de la convention des droits de l'homme pour ne plus que les déboutés du droit d'asile puissent rester sur le territoire.»
Et d'ajouter : «Je souhaite qu'il y ait un peu moins de différence et un peu plus d’intégration française.»
Interrogé sur le sujet du regroupement familial, Alain Juppé a jugé que «la lutte contre l’immigration illégale était une priorité». «Chaque année, 200 000 immigrés légaux entrent en France. Or, le regroupement familial concerne 10 000 personnes de ces personnes», a-t-il affirmé.
Toutefois, il n'entend pas supprimer le regroupement familial, et juge qu'il serait «plus efficace» de lutter contre les mariages blancs et gris.
Et soudain... parenthèse inattendue sur le cannabis
Alors que les politiques étaient en pleine réflexion sur des questions touchant aux sphères spirituelles de la société française, un sujet ô combien inattendu est venu soudainement s'inviter sur le plateau : celui de la dépénalisation du cannabis ! Et ce fut au tour de Jean-François Copé de s'en prendre à Bruno le Maire.
En effet, celui-ci a déclaré être opposé à la légalisation du cannabis, tandis que Nathalie Kosciusko-Morizet a dit qu'elle était pour, avant de revenir sur le sujet de l'islam. Cette parenthèse inattendue n'a bien évidemment pas échappé aux internautes qui ont suivi le débat.
A ce débat de la primaire de la droite française participaient Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Frédéric Poisson. Ce dernier fait relativement figure d'outsider au milieu de ces candidats de droite qui se tirent dans les pattes déjà depuis des années en coulisse. Une lutte de pouvoir qui n'échappe bien sûr à personne tant les uns tentent d'envoyer les autres devant la justice.
Lire aussi : Primaire de droite : Juppé sort gagnant du débat, selon un sondage
A l'issue du débat, plusieurs sondages réalisés auprès de téléspectateurs ont donné Alain Juppé vainqueur de la soirée, devançant Nicolas Sarkozy et ses envies de revanches. Les moins médiatiques François Fillon et "Le renouveau c'est Bruno" Le Maire suivent, ex-aequo. Nathalie Kosciusko-Morizet n'a pas vraiment vécu un moment de grâce, étant comme Jean-Frédéric Poisson en dessous des 5%. Jean-François Copé, qui semble croire à ses chances après une longue traversée du désert, n'a été considéré comme le gagnant de cette joute politique que par 1% des téléspectateurs .