«Je reconnais les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France», a déclaré le chef de l'Etat, applaudi par les représentants des harkis présents dans l'assistance.
Par ses propos, François Hollande a honoré une promesse faite en avril 2012 durant la campagne présidentielle, en reprenant pratiquement au mot près le texte de sa déclaration de l'époque.
Il l'avait déjà fait en partie lors de la même cérémonie le 25 septembre 2012, mais il s'agissait à l'époque d'un message lu par Kader Arif, son ministre délégué aux Anciens combattants, qui au nom du président affirmait alors que la France était dans «l'obligation d'effectuer un travail historique sur son passé et sur sa mémoire».
Cette reconnaissance au nom de la France avait aussi été faite par Nicolas Sarkozy en avril 2012 lorsqu'il était encore chef de l'Etat, huit jours avant le premier tour de l'élection présidentielle.
Evoquant une «vérité implacable et cruelle», François Hollande a cette fois directement évoqué les «combattants qui furent privés de la protection de la France au lendemain de la guerre d'Algérie et dont l'abandon ne fut jamais pleinement reconnu par la République».
Hommage national
La veille de la cérémonie officielle, à Perpignan, non loin du camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) où ont été parqués de nombreux harkis après la guerre d'Algérie, Nicolas Sarkozy avait également rendu un hommage à ces Algériens anciens supplétifs de l'armée française.
«Le drame des harkis est celui de toute la France. [...] Une tache de sang indélébile reste sur notre drapeau», avait-t-il déclaré, ajoutant : «La France est la mère adoptive de tous ceux qui veulent l'aimer. Elle ne regarde pas l'arbre généalogique.»
Dimanche 25 septembre, outre la présence de personnalités dans l'assistance, de nombreux politiques ont commenté cette commémoration, notamment sur Twitter, rendant un hommage personnel aux harkis.
Le maire de Béziers, Robert Ménard a ainsi twitté à plusieurs reprises pour témoigner sa gratitude envers les harkis, tout comme le député Eric Ciotti.
Côté FN, avec Marine Le Pen dans l'assistance, on rend hommage, mais on grince des dents suite aux déclarations de François Hollande.
Le député Louis Aliot fustige ainsi le discours de François Hollande, dénonçant le fait que le président récupère un thème cher au Front en rappelant que le FN demande depuis 30 ans «que l'on reconnaisse la responsabilité de la France dans l'abandon des harkis».
Selon le député Bernard Monot, le FN se targue en effet d'être «le seul parti à avoir défendu les harkis depuis 1962».
Instituée par le décret du 31 mars 2003, la journée de commémoration donne lieu chaque année, à Paris, à un hommage officiel, pour honorer ces Algériens laissés pour compte à partir de 1962.
Après les accords d'Evian le 18 mars 1962, 55 000 à 75 000 harkis, ont en effet, selon les historiens, été abandonnés en Algérie et victimes de sanglantes représailles de la part des nationalistes, car ils s'étaient battus pour que l'Algérie reste française. Quelque 60 000 ont été admis en France. Avec leurs descendants, leur communauté est estimée à 500 000 personnes.