France

Panthéon : quand Hollande oublie les Communistes

Quatre Grands hommes vont faire leur entrée au Panthéon aujourd'hui. Honorés par la nation, ils appartiennent à toutes les sensibilités politiques de la Résistance. Mais pas de communiste. Certains y voient une réécriture politique de l'Histoire.

Ce devait être un grand moment d'union nationale... mais c'est déjà raté.

Si le choix des quatre héros français (Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Jean Zay) faisant leur entrée au Panthéon, ce mercredi 27 mai, respecte bien la parité hommes-femmes et les différentes sensibilités politiques de la Résistante (une Gaulliste, un Socialiste, un Radical et une sans-étiquette), il y a pourtant un hic : aucun résistant communiste ne sera honoré par le Président Hollande. Des voix s'élèvent pour dénoncer une réécriture de notre histoire nationale et une «faute politique».

«Ce n’est pas seulement une grave injustice. C’est une falsification profonde de l’histoire nationale», Roland Leroy dans l'Humanité

«Ce n’est pas seulement une grave injustice. C’est une falsification profonde de l’histoire nationale». Interviewé par l'Humanité, Roland Leroy résistant communiste de la première heure, ne cache pas son émotion de voir ainsi les communistes écartés de cette grande célébration nationale. Il poursuit : «Le choix aurait pourtant été facile parmi Guy Môquet, Henri Rol-Tanguy, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Gabriel Péri, Missak Manouchian et tant d’autres…»

Un oubli ? «Non, une faute politique»

«Nous n'avons rien contre les quatre résistants choisis par François Hollande, ils sont très honorables» explique à RT Frédérick Genevée, responsable des archives au Parti Communiste et professeur d'Histoire, «mais comment le Président peut-il prétendre incarner une union nationale en oubliant (quoi qu'on pense aujourd'hui du PCF) les Communistes et le rôle qu'ils ont joué pendant la Seconde Guerre mondiale ?».

L'enseignant qui ne croit pas à un «oubli», estime que le Président à la «mémoire très sélective» a commis ici une «faute politique».

Il redoute aussi la «mauvaise leçon d'Histoire» donnée aux élèves français qui n'entendront peut-être jamais parler du sacrifice des résistants communistes. En effet, au moins 20 000 d'entre eux furent fusillés par les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

Citées par Le Monde, plusieurs sources proches du Président décrivent pourtant un François Hollande prenant le plus grand soin pour établir sa liste de «panthéonisés». On apprend dans le quotidien du soir que le groupe de résistants communistes Manouchian avait bien été envisagé mais que le Président avait dû trancher. «Ces quatre figures, prises ensemble, forment quelque chose de cohérent  [...] Hollande est un homme d’astuce. Il est assez difficile de critiquer ce choix» assure ainsi son équipe au Monde.

Les militants communistes rendront ainsi hommage aujourd'hui à la «Résistance unie» en célébrant, de leurs côtés, Marie-Claude Vaillant-Couturier, à 19h30 au siège du PCF, place du Colonel-Fabien à Paris.