France

Un adolescent rom roué de coups à Paris

Le Point a révélé qu’un jeune rom avait été agressé par plusieurs lycéens dans le 16e arrondissement de Paris. De quoi raviver les tensions sur un sujet brûlant au sein de la société française.

C’est une scène peu banal pour le très cossu 16e arrondissement. Il est aux alentours de 15h30 ce mardi 26 mai quand une rixe éclate avenue de Versailles à proximité du lycée René-Cassin. Une dizaine de jeunes scolarisés dans l'établissement se ruent sur un adolescent rom et le rouent de coups. Heureusement pour le jeune homme, la police intervient rapidement. Mais une cinquantaine d’autres lycéens se joignent alors à leurs camarades et les forces de l’ordre se retrouvent débordées. Il faudra que les policiers, accompagnés d’officiers de la brigade anticriminalité, fassent usage de gaz lacrymogène pour extirper la victime et disperser la foule.

La majorité des agresseurs a pris la fuite. Un jeune homme majeur a toutefois pu être interpellé et présenté au commissariat du quartier. Les témoins présents sur place ont décrit une scène "d’une violence inouïe" qui aurait duré quelques dizaines de minutes. Des minutes qui ont dû paraître très longue pour l’adolescent.

Un incident qui relance le débat sur les Rom

Peu nombreuses sur le territoire, ces populations, ont souvent été au coeur de la polémique ces dernières années. Amnesty International estime leur nombre entre 15 000 et 20 000 en France. Ils ont une image négative auprès de la plupart des citoyens à en croire les enquêtes d’opinions. Lorsqu’en septembre 2013, Manuel Valls déclare que "seule une minorité de Roms souhaite s’intégrer", il est massivement soutenu par la population. Un sondage BVA réalisé à l’époque donnait 93% d’opinions en accord avec le Premier ministre.

Campements insalubres, mendicité, délinquance, les griefs reprochés aux Roms sont nombreux. Certains n’hésite pas à parler d'"invasion" ou de "lèpre" quand il s’agit de qualifier ces populations. C’est le cas de Paul-Marie Coûteaux, fondateur du parti souverainiste SIEL et ancien proche de Marine Le Pen. En 2014, il avait jugé que la présence des Roms dans la capitale témoignait "d’une irresponsabilité générale" et "d’un abandon complet de la dignité nationale".

Selon le European Roma Rights Centre (ERRC) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH), la France a procédé à l’expulsion d’un camp de roms tous les trois jours en 2014.

Le Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées a dénoncé dans un rapport publié en 2014 l'inefficacité de ce type de mesure. Malgé l'accélération des expulsions depuis la circulaire d'août 2012 qui prévoit le démentèlement des campements illicites, le problème rom se pose toujours. Dans ce rapport, le comité pointait notamment "les coûts économiques conséquents" qu'entraînent la mobilisation des forces de police, la démolition et la remise en état.

De plus, la Roumanie et la Bulgarie, dont sont majoritairement issus les roms, font partie de l'Union européenne depuis 2007. Leurs citoyens jouissent donc d'une liberté de circulation. Rien n'empêche les individus expulsés de revenir légalement sur le territoire français.

Un phénomène qui n’inquiète pas que dans l’hexagone. Le mois dernier, le bourgmestre (maire) de la ville belge de Mouscron a demandé à la localité française voisine de Wattrelos de construire un mur de protection afin d’empêcher les gens du voyage de rentrer en Belgique. La commune du Nord, située près de la frontière, doit aménager une aire d’accueil qui leur est destinée.