France

Gironde : de la cocaïne dans des boudins antillais

À Bordeaux, dix personnes comparaissaient vendredi 22 mai devant le tribunal correctionnel dans le cadre d'un trafic de cocaïne. La drogue était dissimulée dans... des boudins antillais. Bon appétit.

L'affaire remonte au 7 octobre 2013. Ce jour-là, un colis attire l'attention des douaniers. En provenance de Martinique et à destination de Talence en Gironde, il contient des bouteilles de rhum, elles-mêmes remplies de boudins martiniquais. Les spécialités créoles sont en fait bourrées de cocaïne : 500 grammes en tout. Et pure à 75%. 

48h plus tard, rebelotte. Les douaniers décident alors de laisser passer le second colis afin de remonter jusqu'au destinataire, convaincus qu'ils ont affaire à un réseau. La gendarmerie se rend alors à l'adresse inscrite sur le colis. Ils y découvrent une femme qui n'est en rien au courant du contenu. De fil en aiguille, les gendarmes remontent la filière et découvrent un organigramme complexe :

C'est l'ex-compagnon de cette femme, Hermann Maréchal, un homme de 34 ans condamné à 1 an de prison ferme qui a donné son adresse afin de rembourser une dette liée à la drogue à son acolyte âgé de 30 ans, Kamel Lazrek. Ce dernier cachaît, lui, 60 pieds de cannabis dans la cave de sa compagne. 

Le vrai derstinataire des colis était un arésien de 42 ans, surnommé «le Kayser» et qui a été condamné à 5 ans fermes. C'est lui qui était censé écouler la cocaïne en provenance de Fort-De-France que lui avait envoyé Stéphane Fanon, un martiniquais de 30 ans qui a écoppé de 3 ans de prison ferme. 

Le «Kayser», de son vrai nom, Jean-Christophe Gody, était en contact avec Roy Mawny, un néerlandais de 39 ans qui «apprécie beaucoup la région bordelaise» et qui venait souvent lui rendre visite en compagnie de son épouse pour passer quelques jours de vacances et lui «rapporter des fruits et légumes du Surinam, son pays d'origine». Il a été condamné à 6 ans de prison ferme. 

Pour finir, la drogue était écoulée à Bordeaux, auprès de deux hommes, Frans Papa, 38 ans, condamné à 4 ans ferme et Ersonn Mannis, 25 ans. 

Il faut dire que l'imagination des trafiquants est débordante lorsqu'il s'agit de «planquer la coke». Et ces derniers se tournent la plupart du temps vers le domaine culinaire. Ainsi, des quantités faramineuses de poudre blanche - 80 et 400 kg, d'une valeur marchande de 4 et de 15 millions d'euros - ont été récemment retrouvées dans des cartons à bananes de supermarchés à Berlin et à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). 

En octobre 2014, la police avait mis la main sur 400g de cocaïne dissimulés dans des paquets de poissons surgelés, ce qui avait permis de démanteler un traffic organisé entre la France et l'Espagne. 

Les douaniers de l'aéroport d'Orly, qui ont enregistré en 2014, la plus importante saisie de cocaïne depuis 10 ans, expliquent retrouver régulièrement de la drogue dans des saucisses, des avocats ou encore des poulets farcis.