Coup de théâtre après l’audition par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) du chef de la patrouille qui a interpellé Adama Traoré. Comme l'annonce l'Obs, le témoignage du gendarme change en effet la donne et semble confirmer la thèse de l’étouffement.
Si cette hypothèse était validée, elle constituerait un renversement de situation et donnerait raison aux proches de la victime qui, depuis le début, réfutent les théories officielles : les rapports des deux autopsies excluent en effet que le jeune homme ait subi des violences.
Alors qu'une troisième autopsie, demandée par la famille, avait été refusée par la justice, le procureur de la République avait évoqué une maladie cardiaque ou une infection grave pour justifier le décès.
Le témoignage du gendarme pourrait invalider ces conclusions car Adama Traoré aurait bel et bien subi «un contrôle dorsal costal le temps du passage des menottes», ce qui aurait provoqué ses symptômes et conduit à son décès.
Technique d'interpellation à risque
Selon Les Inrocks, le contrôle dorsal est une technique à risque, qui n'est pas sans précédent : le 6 mars 2015, Amadou Koumé est mort lui aussi lors de son interpellation par la police après avoir subi une méthode d'interpellation similaire. «Lorsque la personne est menottée dans le dos, elle est plus facilement en situation de détresse respiratoire : plus elle se débat pour respirer, plus le policier serre», explique aux Inrocks maître Eddy Arneton, l’avocat de la famille d'Amadou Koumé.
Adama Traoré semble avoir été victime d'une manœuvre similaire : le récit du chef de la patrouille confirme celui de ses collègues qui affirmaient déjà que le jeune homme avait «pris le poids de [leur] corps à tous les trois».
Le gendarme raconte par ailleurs qu’Adama Traoré avait prévenu lors de son interpellation avoir du mal à respirer, mais précise qu'il n'en n'a pas tenu compte. «Ce que je vois c’est qu’il est essoufflé, ce qui me semble tout à fait logique suite à la course-poursuite qu’il vient de réaliser» justifie-t-il, ajoutant que ce n'est qu'une fois arrivés devant le portail de la gendarmerie de Persan que lui et ses collègues constatent qu’Adama Traoré semble s’assoupir.
La mort d'Adama Traoré avait provoqué l'embrasement des communes de Beaumont-sur-Oise et de Persan, dans le Val-d'Oise, d'où il était originaire. Durant plusieurs nuits, des groupes de jeunes y ont affronté la police. Une marche blanche à la mémoire d'Adama Traoré avait également été organisée car la famille n'a jamais cru à la version officielle. De nombreuses anomalies ont en effet été révélées dans le traitement de cette affaire. Le procureur en charge du dossier n’avait par exemple pas évoqué le syndrome d'asphyxie détecté dans les deux rapports d’autopsie.